La société Endodiag, créée en 2011, fait partie des entreprises qui cherchent à faire progresser la recherche et l’accompagnement des femmes atteintes d’endométriose. Elle travaille notamment sur la mise au point d’un test capable de diagnostiquer la maladie par une simple prise de sang.
Environ une femme sur 10 est touchée par l’endométriose
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 10 % des filles et des femmes en âge de procréer seraient touchées par l’endométriose à l’échelle mondiale, soit environ 190 millions de personnes. En France, la maladie concernerait entre 1,5 et 2,5 millions de personnes, selon le ministère de la Solidarité et de la Santé. Un chiffre peu précis et sans doute sous-estimé puisque malgré sa fréquence, l’endométriose reste mal repérée.
Pour rappel, cette maladie gynécologique se caractérise par le développement anormal de tissus de la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. La présence de cellules hors de leur tissu d’origine va engendrer des douleurs (souvent corrélées au cycle menstruel), des lésions, des kystes ou encore une infertilité. Certaines formes d’endométriose ne présentent d’ailleurs aucun symptôme et sont suspectées au moment d’un bilan d’infertilité. Pour être confirmé, le diagnostic nécessite une chirurgie puis une analyse du tissu prélevé. En moyenne, il se passe neuf ans entre l’apparition de la maladie et son diagnostic. Mais Endodiag travaille sur une solution bien plus précoce et moins invasive : un test basé sur une simple prise de sang.
Endodiag veut “changer les vies de millions de femmes”
C’est en 2011 que Cécile Réal a créé l’entreprise Endodiag, après une dizaine d’années d’expérience dans l’industrie médicale. À une époque pas si lointaine où l’endométriose était encore une maladie méconnue, elle s’est associée à Jean Bouquet de Jolinière, chirurgien gynéco-obstétricien, Jean Gogusev, anatomo-pathologiste, et Patrick Henri, spécialiste du marketing, dans le but de “changer les vies de millions de femmes”, comme il est écrit sur le site web de la Femtech. Entourés d’une dizaine de personnes, ils ont entamé un processus de recherche et développement visant à créer un test de dépistage par prise de sang. Très vite confrontée à des questions de financements, la société a bouclé deux levées de fonds. La première a été réalisée en 2012 auprès d’investisseurs privés et de Medevice Capital, et s’était élevée à 750 000 euros. La deuxième, en 2018, a permis de récolter 4 millions d’euros auprès de CM-CIC Innovation et BNP Paribas Développement.
Vers un test non invasif pour une détection précoce
EndoDtect, le test sanguin permettant un diagnostic précoce de l’endométriose, est le projet le plus avancé d’Endodiag. Basé sur l’analyse d’une combinaison de biomarqueurs spécifiques à la maladie, il fait actuellement l’objet d’études de validation pour confirmer sa valeur prédictive. Et s’il est déjà proposé aux laboratoires, Cécile Réal et son équipe espèrent pouvoir un jour le mettre à disposition des cabinets gynécologiques. “Dans un monde parfait, nous aimerions que l’endométriose puisse être pré-suspectée directement chez les médecins généralistes”, avait-elle confié en 2020 à Big média de Bpifrance.
Améliorer la prise en charge et faire avancer la recherche
La société est également à l’origine d’EndoGram, un test de 10 biomarqueurs basé sur l’analyse de biopsies réalisées lors d’une intervention chirurgicale. Grâce à un algorithme prenant en compte d'autres facteurs cliniques de la patiente, il permet de définir un profil biologique qui aidera le médecin à écarter les traitements inadaptés, notamment à cause de leurs effets secondaires. Cette solution prometteuse est en cours de validation clinique.
Endodiag propose aussi l’EndoBiobank, une biobanque réglementaire comprenant 1 000 échantillons biologiques humains : sérum, plasma, liquide péritonéal, cellules primaires d’endométriose… Annoté avec les données cliniques des patientes, il constitue un outil idéal pour évaluer l’efficacité potentielle de nouveaux médicaments, et pas seulement pour lutter contre l’endométriose. En effet, au cours de ses travaux de recherche, l’équipe s’est aperçue qu'il existait des similitudes entre cette maladie gynécologique et d’autres pathologies comme le cancer. Endodiag propose donc des partenariats à d’autres entreprises pour faire avancer leurs travaux. “Nous aimerions nous associer avec une entreprise de biotech spécialisée en oncologie, parce que les mécanismes de l’endométriose et de certains cancers ont des similarités intéressantes”, a expliqué Cécile Réal.
Une Femtech multirécompensée
Grâce à ces travaux, la Medtech a reçu de nombreux prix depuis sa création. Dès 2011, elle a été lauréate du concours national création d’entreprises de technologies innovantes créé par le Ministère de la Recherche. L’année suivante, Cécile Réal a reçu le Cartier Women’s Initiative Awards pour ses actions visant à lever le tabou sur l’endométriose. En 2014, Endodiag a remporté le Concours Talents de BGE, et deux ans plus tard, sa fondatrice a reçu le Trophée de l’entrepreneur en santé femme de France Biotech. “Avant, il s'agissait d'une pathologie méconnue et presque honteuse ; aujourd'hui, tout un mouvement s'est déclenché pour que les choses changent”, s’était-elle félicitée auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle). Désormais en effet, la maladie est bien mieux mise en lumière qu’il y a dix ans. Ainsi, en début d’année 2022, Emmanuel Macron a lancé une “stratégie nationale de lutte contre l’endométriose”. “Ce n'est pas un problème de femmes, c'est un problème de société”, avait-il déclaré, mettant en avant le caractère douloureux et invalidant de la maladie.