La biotech Okomera développe une technologie de rupture capable de prédire l’efficacité des traitements du cancer. Sa levée de fonds d’amorçage de 10,2 millions d’euros doit lui permettre d’industrialiser son dispositif au sein des services d’oncologie du monde entier.
Fondée en 2020 à Paris, Okomera se consacre au développement d'une technologie avancée pour évaluer l'efficacité des traitements contre le cancer. Aujourd’hui utilisé principalement à des fins de recherche, l’outil est destiné à évoluer en un système certifié de soutien à la prise de décision médicale, offrant aux professionnels de santé un moyen de personnaliser les thérapies pour leurs patients.
Un dispositif révolutionnaire pour traiter le cancer
Le dispositif est capable de tester l'efficacité d'une variété de thérapies (chimiothérapies, thérapies cellulaires, thérapies combinées) sur des cellules tumorales prélevées par biopsie. La technologie consiste à créer des répliques miniatures de chaque tumeur sur une puce microfluidique. Grâce à l'intelligence artificielle intégrée, la machine d’Okomera peut analyser la réaction de ces tumoroïdes aux différentes thérapies. "L'IA joue un rôle crucial en analysant et interprétant les données pour suggérer des combinaisons de traitements potentiellement efficaces", précise Sidarth Radjou en exclusivité pour Maddyness.
Les objectifs sont doubles : aider au développement de nouveaux médicaments anticancéreux et identifier des traitements personnalisés pour chaque type de tumeur, sachant que pour la moitié des patients atteints d’un cancer, le premier traitement est un échec.
Une levée de fonds à visée industrielle
Ce premier tour de table d’Okomera a été mené par le fonds Résonance, Polytechnique Ventures, Berkeley Skydeck Fund et des business angels historiques. Des subventions ont également été délivrées par Bpifrance et le ministère de la Santé. La biotech a déjà établi des partenariats avec Gustave-Roussy, le premier centre européen de lutte contre le cancer, et l’Institut de Cambridge de Cancer Research UK. Pour renforcer ses liens avec l'industrie pharmaceutique, elle s’apprête à ouvrir un bureau à San Francisco, site stratégique pour les partenariats avec les laboratoires. Cette expansion vise à générer des revenus initiaux tout en continuant le développement de sa technologie en France.
Au cours des deux prochaines années, la société prévoit d'installer ses machines dans des centres de R&D et des laboratoires pharmaceutiques, proposant un modèle de location par abonnement. Elle envisage également de vendre des consommables uniques, tels que des puces microfluidiques, et de développer des algorithmes personnalisés d'analyse de données.
Dans une seconde phase, Okomera ambitionne de commercialiser son système auprès des hôpitaux comme un outil de diagnostic in vitro, analysant l'efficacité des médicaments sur des clones de tumeurs pour fournir aux médecins des informations précises et personnalisées sur le traitement le plus efficace pour chaque type de tumeur.
Mais le chemin à parcourir est encore long pour valider les phases d’essais cliniques et obtenir le marquage CE : "Les essais cliniques vont devoir prouver aux autorités de santé que les cellules que nous cultivons répliquent précisément ce qui se serait passé dans le corps d’un vrai patient", explique le CEO Sidarth Radjou dans un entretien pour L’Usine Digitale. Il souligne l'urgence d’une nouvelle levée de fonds dans un futur proche, en comparaison des startups américaines dans le secteur des organoïdes comme Emulate et Xilis, qui ont levé entre 90 et 250 millions de dollars.