Sakowin Green Energy, implantée à Aix-en-Provence, est spécialisée dans la production d’hydrogène durable issu du méthane. La Deeptech vient de lever 4 millions d’euros pour avancer vers l’industrialisation.
Produire un hydrogène sans émission de CO2
Créée en 2017 par Gérard Gatt, la société Sakowin développe une solution pour transformer le gaz naturel en hydrogène sans émission de CO2. La technologie utilisée est basée sur la plasmalyse du méthane, soit une décomposition de la molécule grâce à un plasma basse énergie, généré par micro-ondes. Elle ne nécessite pas d’eau et consommerait cinq fois moins d’électricité que la méthode de l’électrolyse, employée actuellement dans la plupart des projets de production d’hydrogène.
Utilisé comme matière première et non comme combustible, le méthane n’émet pas de CO2 gazeux, mais engendre la création d’un carbone solide, aussi appelé noir de carbone. Celui-ci est sans conséquence directe sur le climat et peut même avoir des applications industrielles. “Le carbone solide produit ‘en bonus’ par notre procédé est aujourd’hui utilisé dans des marchés à haute valeur ajoutée : encres, pneumatiques… Et des marchés de masse pourraient, demain, également utiliser ce carbone si son coût baisse ; le bâtiment par exemple ou encore l’agriculture”, a expliqué Gérard Gatt au site Techniques de l’Ingénieur.
Une production sur site grâce à des unités compactes
Le procédé de décomposition du méthane pour produire de l’hydrogène et du carbone solide peut être intégré dans une unité compacte, s’installant en bout de ligne d’un réseau de gaz. En septembre 2022, la société a créé un prototype de 6 kW pour prouver la faisabilité de sa technologie. En 2024, elle compte finaliser un pilote industriel de 100 kW, prenant la forme d’une armoire. Il pourra produire entre 200 et 300 kg d’hydrogène par jour, directement sur le site des clients, et 600 kg de carbone solide valorisable. Puisque les unités seront empilables, elles pourront générer quotidiennement plusieurs tonnes d’hydrogène sur certains sites. “Sur les plateformes pétrolières, par exemple, le but serait d’avoir de gros systèmes permettant d’extraire le pétrole sans émettre de CO2”, a indiqué le dirigeant.
Sakowin reçoit le soutien du fonds Vol-V et de l’EIC Fund
Pour franchir cette nouvelle étape de sa croissance, Sakowin a annoncé, le 26 janvier 2024, avoir finalisé une levée de fonds de 4 millions d’euros. Au sein de cette somme, 2,5 millions d’euros proviennent du fonds Vol-V, spécialisé dans la transition énergétique, et 1,2 million d’euros sont issus de l’EIC Fund de la Commission européenne, qui avait déjà soutenu financièrement l’entreprise lors d’un précédent tour de table. “Par son expertise dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène, Vol-V nous apporte des connaissances stratégiques qui vont nous permettre d’accélérer notre développement. L’EIC Fund conforte son investissement, réaffirmant ainsi l’intérêt que porte l’Union Européenne à notre solution”, a réagi Gérard Gatt dans un communiqué de presse.
D’ici fin 2025, il espère avoir commercialisé entre 5 et 10 unités auprès d’acteurs de différentes industries. Pour parvenir à cet objectif, la société peut compter sur plusieurs partenaires industriels comme Saint-Gobain, Ponticelli, Groupe ADF et AES Dana, qui sont entrés à son capital en 2021, mais aussi sur Bpifrance, qui l’a soutenue à hauteur de 2,5 millions d’euros en 2022.
