À Valence-en-Poitou, dans le département de la Vienne, l’ingénieur et chef d’entreprise Paul Minot a imaginé une machine capable de purifier l’eau pour la rendre potable. Une solution entièrement mécanique qui pourrait répondre à de nombreux enjeux.
L’accès à l’eau potable, un enjeu mondial majeur
D’après l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF, une personne sur trois dans le monde n’a pas encore accès à l’eau potable. Une problématique qui a évidemment des conséquences en termes de santé, puisque l’eau contaminée et le manque d’assainissement entraînent la transmission de nombreuses maladies. Elle touche également au social - en créant des disparités et des conflits -, mais aussi à l’économie ou encore à l’éducation. En effet, les adultes et enfants devant parcourir des kilomètres pour chercher de l’eau ne peuvent ni travailler, ni aller à l’école assidûment. C’est pourquoi la gestion de l’eau est un enjeu majeur et mondial, auquel il faut tenter de répondre tout en prenant en compte les défis environnementaux.
Une machine entièrement mécanique pour potabiliser l’eau
Dans la Vienne, Paul Minot a imaginé une machine qui pourrait changer la vie de centaines de milliers de personnes. Après dix mois de travail, il a mis au point un prototype capable de transformer en eau potable n’importe quelle eau, mis à part l’eau de mer. Eau de pluie, de rivière, de lac, de mare, de ruisseau… Il suffit de la verser dans la cuve et d’actionner une manivelle pour obtenir une eau purifiée en quelques secondes.
Robuste, cette machine n’utilise ni électronique, ni procédé chimique, ni électricité, et peut produire 1 300 litres d’eau potable par heure. Sous sa coque en inox, c’est une combinaison de filtres répondant aux normes alimentaires qui purifie le liquide. Ce système permet d’éliminer les entérocoques, filiformes, escherichia coli et salmonelles présents dans l’eau brute versée au départ. Testé par le laboratoire IANESCO, agréé par les ministères de la Santé et de l’Environnement, il s’est avéré conforme “aux limites et références de qualité du Code de la santé publique” pour les eaux destinées à la consommation humaine.
Une solution pour les gouvernements, ONG, armées, hôpitaux…
Pesant 60 kilos, cette machine peut être déplacée assez facilement. “Je voulais une solution simple, nomade et entièrement mécanique. Une machine qui ne tombe pas en panne”, a indiqué son inventeur à La Nouvelle République.
Paul Minot vient de déposer une demande de brevet pour sa solution et a créé l’entreprise FIltralife Solution pour la développer. Il souhaite proposer ses appareils au prix de 6 900 euros aux gouvernements, aux ONG et aux multinationales dans les pays où l'accès à l’eau potable est problématique. La machine peut également intéresser les armées, pour fournir de l’eau propre aux troupes quel que soit le terrain, les hôpitaux situés dans des régions mal desservies ou encore des écoles. Elle peut aussi être utile en cas de catastrophe naturelle, rendant provisoirement l’eau insalubre dans la zone géographique touchée. Son inventeur a déjà réfléchi à la manière dont il allait la conditionner. “Elle ne sera pas à vendre à l’unité mais par container. Dans un container de 40 pieds, on peut en mettre 47”, a-t-il indiqué au journal local.
La solution Filtralife bientôt au concours Lépine
Si chaque machine sera garantie cinq ans, sa durée de vie pourra être bien plus longue. “Comme nous l’avons conçue pour des populations à faibles moyens, elle n’a pas de consommables. Il suffit de nettoyer les filtres quand la machine l’indique”, a souligné Paul Minot au Journal de Mayotte. En effet, un simple nettoyage mensuel suffit à la maintenir au plus haut de ses performances. Reste encore du chemin à parcourir pour la petite société de Valence-en-Poitou, pour parvenir à son objectif de rendre l’eau propre accessible à tous. Aujourd’hui, elle multiplie les salons et les conférences pour mieux se faire connaître, obtenir des retours enrichissants et développer des contacts professionnels. Puis en avril 2024, elle tentera le concours Lépine à Paris. Un concours d’inventions qui pourrait lui ouvrir des portes pour industrialiser la fabrication de sa machine.