La Paille d’O est une belle histoire d’entrepreneuriat née dans une ferme du Calvados, en Normandie. Fondée par un couple d’agriculteurs, la startup a décidé de valoriser ses récoltes de seigle en fabriquant des pailles de boisson.
Né dans une famille d’agriculteurs, Jean-Sébastien Schils reprend en 2020 avec sa femme Marine l’exploitation céréalière familiale située à côté de Caen. Afin de pouvoir mieux vivre de leur activité agricole, ils explorent une voie de diversification.
La ferme, qui s'étend sur environ soixante hectares, produit essentiellement des céréales et du lin textile. Les jeunes agriculteurs décident de tenter une revalorisation de la paille de seigle qu’ils récoltent. Pourquoi ne pas les convertir en pailles à boire ? Après tout, les grands-parents du couple utilisaient déjà des "pailles en paille" pour siroter leur boisson.
Une fabrication de pailles artisanale et naturelle
Alors que les grains de seigle sont transformés en farine, la paille est récupérée. Entièrement naturelle, elle provient de cultures biologiques où la plante, résistante au froid et aux maladies, croît sans l'apport d'engrais chimiques ou de pesticides. Après la récolte, les tiges de seigle restent non traitées.
Ces tiges se distinguent par leur robustesse, conservant leur intégrité même plongées dans un liquide ou après être passées au lave-vaisselle, ce qui les rend réutilisables une dizaine de fois. Elles sont également biodégradables et peuvent être compostées. La taille des tiges permet de produire plusieurs pailles avec une seule tige. La récolte s'effectue avec une moissonneuse-lieuse. Les tiges sont coupées à la base pour préserver leur intégralité et sont ensuite assemblées en bottes, puis entreposées sous un abri jusqu’à leur tri, découpe et calibrage.
Crédit image : La Paille d’O.
La Paille d’O soutient l’emploi des personnes handicapées en confiant le tri, la découpe, le calibrage et le nettoyage, à l'Esat de Saint-André-sur-Orne (Établissement et service d’aide par le travail) à seulement 1 km des champs.
Le conditionnement est ensuite pris en charge par une société locale, les pailles sont distribuées en circuits courts (vente en ligne, magasins spécialisés, marchés et salons) depuis le printemps 2022.
Un passage remarqué dans Qui Veut Être Mon Associé sur M6
En janvier 2023, Jean-Sébastien et Marine Schils font un passage remarqué dans l’émission Qui Veut Être Mon Associé sur M6. Ils réussissent à convaincre Marc Simoncini, Delphine André et Éric Larchevêque d’investir 70 000 euros contre 24 % des parts de leur société.
Mais les entrepreneurs cherchent avant tout un accompagnement pour accélérer leur développement. “Éric Larchevêque nous a dit qu’il y avait chaque année une entreprise qui explosait après la diffusion. Et que cette année, c’était la nôtre”, raconte Jean-Sébastien Schils dans les pages du Parisien. En effet, La Paille d’O a vu ses commandes exploser après leur passage : de 1 500 € de CA en 2022, l’entreprise prévoyait un CA de plus de 100 000 € l’année suivante.
Grâce à ce financement, les agriculteurs ont pu investir dans de nouvelles machines de découpe pour gagner en productivité, mais également lancer des projets de Recherche & Développement afin de diversifier leur gamme de produits. Un carton 100 % végétal issu des déchets de découpe de pailles est actuellement à l’étude : “Des idées de diversification qui sont la preuve d’un véritable état d’esprit entrepreneurial”, commente Eric Larchevêque sur M6, un an après leur passage dans l’émission.
Pic de commandes et perspectives de développement pour La Paille d’O
Leur histoire a touché le cœur du public. Immédiatement après la diffusion, Marine et Jean-Sébastien ont été submergés par une vague de soutien inattendue et massive. Leur site e-commerce a même subi une panne devant l’afflux de commandes. En moins d'un an, leur succès s'est confirmé, attirant l'attention des acteurs du monde de la restauration, qu’ils avaient jusqu’ici du mal à démarcher.
La crise sanitaire et le prix plus élevé des pailles en seigle par rapport aux alternatives en carton peinaient à convaincre les professionnels de la restauration. Les pailles en carton sont en effet proposées entre 1 et 5 centimes d’euros, alors qu’il faut compter 15 centimes pour la paille de seigle. C’est désormais un problème résolu grâce au boost de visibilité donné par l’émission.
Le couple d'entrepreneurs envisage désormais de décliner la paille de seigle sous toutes ses formes, des assiettes aux gobelets en passant par les couverts, afin de proposer une alternative écologique et durable au carton et au plastique omniprésents. Leur vision s'étend même au secteur de la construction, puisqu'ils envisagent de concevoir des panneaux isolants à base de seigle pour l'écoconstruction. Devenus les figures de proue de l'entrepreneuriat en Normandie, Marine et Jean-Sébastien portent fièrement les couleurs de leur région.