Créée en 2019 à Juvignac près de Montpellier, la société Transfarmers a développé un objet aussi utile que décoratif. Il s’agit d’un pot de fleurs servant également de lombricomposteur. Un article très simple d’utilisation, mais qui a nécessité cinq années de travail avant la sortie de son prototype.
Mieux gérer les biodéchets en appartement
Transfarmers fait partie de ces entreprises qui s'engagent pour la planète. Elle a été fondée par quatre amis (Louis Jamin, Thomas Colin, Henri Thomas et Aliette Thomas), qui ont émis une idée au détour d’une conversation en 2013 : celle de pouvoir entretenir leurs plantes d’intérieur avec des épluchures. “Nous ne savions pas comment gérer nos biodéchets en appartement. Nous trouvions cela fort regrettable car nous savions qu'ils pouvaient être transformés en compost et que cela serait très bénéfique pour nos plantes d'intérieur. C'est à partir de ce constat que l'idée du pot de fleurs composteur a germé”, a expliqué Aliette Thomas au site Savez-vous planter chez nous.
Très vite, ils ont décidé de concrétiser cette idée en s’attelant à la création de cet objet. Puis en 2019, ils ont lancé leur société. Une manière de proposer leur pot de fleurs composteur à une plus grande échelle, et pourquoi pas d’imaginer d’autres objets dans un même esprit. Pour trouver les fonds nécessaires, ils ont lancé une campagne de crowdfunding sur la plateforme Kisskissbankbank. Leur projet a immédiatement trouvé son public. En effet, tandis que Transfarmers souhaitait récolter 30 000 euros, elle a reçu 128 000 euros de la part de 534 contributeurs.
Un pot deux-en-un très simple d’utilisation
Les quatre cofondateurs ont fait appel à Romain Cuellier, designer et enseignant, pour dessiner leur pot de fleurs. Proposé depuis septembre 2020 sur la boutique en ligne de la startup, il allie esthétique, matériaux responsables, efficacité et facilité d’utilisation. L’objet est composé de deux compartiments qui communiquent via une membrane perméable. La partie pot de fleurs est à remplir de terre pour accueillir diverses plantes, tandis que l’autre partie sert de composteur. Elle possède une entrée pour mettre ses épluchures, qui se referme grâce à un bouchon de liège. À l’intérieur, des vers (vendus avec le pot) transforment les déchets en compost, pouvant être récupéré grâce à une autre ouverture fermée avec un bouchon. Périodiquement, ce compost peut être récolté et utilisé pour d’autres plantes d’intérieur, pour le jardin ou un potager. Sinon, il entretient directement la plante présente dans l’autre partie du pot via la séparation perméable, qui laisse passer de l’eau et des nutriments.
Grâce à ce principe, il est possible de trier et de recycler ses déchets, mais aussi de nourrir ses plantes en un seul geste. Les plantes sont alimentées en continu et ont besoin de peu d’entretien. Par ailleurs, la population des vers de terre se régule naturellement et le pot de fleurs composteur ne dégage aucune odeur. Utiliser cet objet n’est donc aucunement contraignant et s’intègre facilement dans les habitudes quotidiennes. De plus, le principe étant ludique, il permet de sensibiliser les plus jeunes à l’importance de trier ses biodéchets et de respecter l’environnement.
Des matériaux respectueux de la planète
Puisqu’il est produit localement dans des matériaux naturels, le pot de fleurs composteur bénéficie d’une faible empreinte carbone. À l’exception des bouchons de lièges qui sont importés du Portugal, toutes ses pièces proviennent de France. La terre cuite vient de la région Champagne, la paroi en plastique issue de chutes industrielles est fabriquée en Normandie, et la coupelle à placer sous le pot est faite en Bourgogne Franche-Comté. Essentiels à la bonne dégradation des biodéchets, les vers sont élevés par la startup Agrimoov à Quimper, en Bretagne. Aussi utiles que résistants, ils sont nourris avec du marc de café récupéré localement. Enfin, tout est assemblé puis expédié depuis les bureaux de Transfarmers près de Montpellier.
À noter que le pot peut aussi bien être utilisé en intérieur qu’en extérieur. De quoi faire pousser des plantes décoratives ou dépolluantes, des aromates, un cactus, un pied de tomate… La terre cuite étant poreuse, sa couleur et son aspect évolueront en permanence avec le temps et l’usage. Des marbrures et des motifs se formeront sur les parois avec l’humidité, pour obtenir un rendu unique et changeant.
Réduire le volume de ses déchets par 10
Comme le rappelle l’entreprise sur son site internet, les épluchures et autres restes alimentaires représentent entre 25 et 30 % du poids des poubelles. Ils sont donc parfois incinérés ou enfouis ; des pratiques polluantes qui pourraient être évitées en compostant. Ainsi, sur une agglomération d’environ 300 000 habitants, 830 tonnes de déchets pourraient être évitées si seulement 5 % des foyers étaient équipés d’un pot de fleurs composteur. Cela représente une économie annuelle de 180 000 euros. L’objet de la société Transfarmers permet de réduire le volume de ses déchets par 10 lorsque le processus de lombricompostage est bien lancé. En effet, en six mois, 10 litres de déchets deviennent 1 litre de lombricompost. Pour bien réussir ce processus, l’équipe de Transfarmers livre son pot de fleurs avec une fiche de démarrage et un guide illustré complet. Elle propose également une FAQ sur son site web, et a créé un groupe Facebook d’entraide qui donne vie à une véritable communauté de consommateurs responsables.
Des partenariats avec plusieurs métropoles françaises
Forte du succès du pot de fleurs composteur, l’entreprise a imaginé d’autres produits, toujours dans une optique de concilier l’homme et la nature. Sur sa boutique en ligne, il est ainsi possible d’acheter un diffuseur d’eau pour plantes et un jardin d’eau douce, fabriqués eux aussi dans des matériaux locaux et responsables. Quant aux pots, ils sont désormais proposés en plusieurs tailles, en brut ou en blanc. À savoir que l’entreprise a noué des partenariats avec plusieurs villes, permettant d’obtenir une subvention pour tout achat d’un pot de fleurs composteur. Ainsi, Montpellier Métropole rembourse 50 euros pour tout achat de cet objet, et Nantes Métropole 40 euros. Une manière d’inciter les urbains à se lancer dans le lombricompostage.