En plus des solutions de financement interne (apport personnel, « love money », etc.), l'entreprise peut mobiliser des leviers de financement externe. Ce terme désigne l'ensemble des moyens financiers trouvés par la société à l'extérieur, notamment via des emprunts ou l'ouverture de son capital. Crédit bancaire, prêt d'honneur, financement participatif ou encore business angels : découvrez toutes les solutions de financement externe de l'entreprise.
1. L’emprunt bancaire
Accordé par un établissement financier, le crédit bancaire permet à l’entreprise de financer divers projets. Il implique le remboursement du montant emprunté et le paiement d’intérêts.
Qu’est-ce qu’un crédit bancaire ?
Trésorerie, achats de véhicules, investissements, travaux, acquisition de locaux... les prêts bancaires permettent de couvrir un large éventail de besoins de financement, tout particulièrement à la création de l'entreprise. Pouvant être à taux fixe ou variable, le crédit bancaire impose le remboursement du montant emprunté et le versement d'intérêts.
Le crédit bancaire peut prendre différentes formes, principalement selon l'objet du besoin de financement.
- Le crédit à très court terme : d'une durée moyenne de 6 mois, il sert principalement à financer la trésorerie. Il peut prendre la forme d'un découvert autorisé, d'un crédit renouvelable, d'une avance ou encore d'une ligne de crédit.
- Le crédit à court terme : remboursé sur une période de 2 à 3 ans, il permet de fluidifier la trésorerie, de financer des opérations spécifiques (action marketing par exemple) ou encore de financer des immobilisations de court terme (matériel informatique, équipements techniques, etc.).
- Le crédit à moyen terme : remboursable sur une période allant jusqu'à 7 ans, il sert à financer des opérations de plus grande envergure, tels que des travaux, du matériel de production ou encore des véhicules d'entreprise.
- Le crédit à long terme : accordant une période de remboursement plus importante, il vise à financer des opérations conséquentes, comme l'achat de locaux, l'acquisition de matériel de pointe ou encore des investissements en recherche et développement par exemple.
Quelles sont les conditions essentielles à l'obtention d'un prêt bancaire ?
Lors d'une demande de prêt bancaire, les établissements financiers exigent des gages de la solidité de l'entreprise, sous peine de refuser le crédit. L'entreprise peut adopter plusieurs réflexes pour maximiser ses chances d'obtenir un emprunt.
- Avoir un apport minimal : plus le montant de l'apport de l'entreprise est conséquent, plus la banque est susceptible d'accorder un prêt. En règle générale, il est donc recommandé que le ratio entre les fonds propres et les emprunts soit au moins de 30/70.
- Comparer les établissements : il est conseillé de mettre en concurrence les offres des établissements bancaires car les modalités peuvent varier (taux d'intérêt, durée de remboursement, garanties exigées, etc.). L'entreprise peut ainsi négocier de meilleures conditions d'emprunt et limiter le risque de refus du prêt bancaire.
- Avoir un business plan solide : l'établissement financier s'appuie sur le business plan et le plan de financement de l'entreprise afin de juger de la fiabilité et de la solidité de l'activité. Ces documents doivent donc être les plus réalistes possibles, tout en présentant des perspectives de chiffre d'affaires positives.
- Diversifier les financements : les banques apprécient généralement les entreprises disposant de plusieurs sources de financement afin de ne pas porter seules le risque de défaillance. Il convient donc de les diversifier (prêt d'honneur, microcrédit, business angels, etc.).
2. Le prêt d’honneur
Constituant un levier d’emprunt bancaire, le prêt d’honneur est un prêt sans intérêt et sans garantie, pouvant être sollicité auprès de certains réseaux d’accompagnement des entrepreneurs.
Qu’est-ce qu’un prêt d’honneur ?
Le prêt d'honneur est un prêt un taux zéro sans garantie, ni intérêts : le contractant s'engage à le rembourser sur l'honneur. Adapté principalement aux entreprises ne disposant pas d'un apport personnel suffisant pour obtenir un prêt bancaire, le prêt d'honneur permet généralement de boucler le financement d'un projet de création ou de reprise d'activité.
Inscrit le plus souvent en fonds propres, le montant du prêt d'honneur varie généralement entre 1 000 et 90 000 €. Permettant de crédibiliser le projet et de prouver sa fiabilité, il peut servir de levier pour l'obtention d'un crédit bancaire complémentaire. Ce type de prêt peut être proposé par plusieurs organismes spécifiques, dont :
- l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique) ;
- Initiative France ;
- le Réseau Entreprendre ;
- Bpifrance.
Bon à savoir : pour une entreprise, l’obtention d’un prêt d’honneur prouve la solidité du projet auprès des établissements bancaires. On estime ainsi que 1 € reçu en prêt d’honneur permet d’emprunter jusqu’à 8 € par le biais d’un crédit bancaire classique.
Quels sont les principaux prêts d’honneur ?
Dans le cadre de son lancement ou de son développement, l’entreprise a accès à plusieurs prêts d’honneur spécifiques, dont voici les plus courants.
- Le prêt d’honneur d’Initiative France : ce réseau associatif a vocation à financer et accompagner les entrepreneurs. Pour cela, il peut accorder des prêts dont le montant varie généralement entre 3 000 et 50 000 €.
- Le prêt d’honneur du Réseau Entreprendre : reconnue d'utilité publique, cette association regroupe environ 14 000 chefs d'entreprise et accompagne bénévolement les nouveaux créateurs d'entreprise. Il peut octroyer un prêt d'honneur d'un montant maximal de 50 000 € en règle générale, voire même de 90 000 € pour les projets innovants.
- Le prêt d'honneur Renfort : lancé par Bpifrance, ce dispositif vise à consolider les quasi fonds propres des entreprises de moins de 5 ans, bénéficiant d'un accompagnement par Initiative France, le Réseau Entreprendre ou France Active. Accordé sous conditions, son montant est compris entre 1 000 et 30 000 € et est remboursable sur une période allant de 1 à 7 ans.
- Le prêt d'honneur Création-Reprise : proposé par Bpifrance aux porteurs de projet accompagnés par Initiative France et le Réseau Entreprendre, ce prêt d'honneur permet d'emprunter jusqu'à 80 000 € et d'être accompagné dans un projet de création ou de reprise d'activité par un opérateur d'accompagnement.
- Le Prêt d'honneur Solidaire : accordé en complément d'un crédit bancaire, ce dispositif est proposé par l'Adie, France Active et Initiative France. Il s'adresse à certains porteurs de projet précaires (demandeur d'emploi, bénéficiaire du RSA, jeune ayant entre 18 et 25 ans, etc.) et permet d'emprunter jusqu'à 8 000 € sur une période maximale de 5 ans.
3. Le microcrédit
Accessible aux projets accompagnés par un réseau d’accompagnement, le microcrédit permet aux personnes disposant de faibles ressources et garanties de bénéficier d’un prêt.
Qu’est-ce qu’un microcrédit ?
Le microcrédit est un crédit de faible montant destiné aux porteurs de projet disposant de faibles ressources et qui éprouvent des difficultés d'accès aux crédits bancaires classiques. D’un montant généralement limité et présentant un taux d’intérêt plus ou moins important, ce levier de financement peut principalement prendre 2 formes différentes.
- Le microcrédit personnel : adapté aux personnes exclues du système bancaire, il permet de financer divers projets personnels, portant généralement sur la réinsertion professionnelle. À titre d'exemple, il peut servir à l'achat d'un véhicule pour se rendre sur son lieu de travail.
- Le microcrédit professionnel : d'un montant maximal de 20 000 € en règle générale, il vise à financer des projets de création, reprise ou développement d'activité. Pour l'obtenir, l'entrepreneur doit généralement être accompagné par un réseau d'accompagnement (Adie, France Active, Initiative France, etc.).
Qui sont les acteurs du microcrédit ?
Les microcrédits impliquent plusieurs réseaux et acteurs spécialisés.
- Les réseaux bancaires agréés : l'entrepreneur peut tout d'abord formuler sa demande à un établissement bancaire agréé par le Fonds de cohésion sociale. Pour cela, il est nécessaire qu'il soit accompagné par un réseau d'accompagnement, tel que l'Adie.
- Le Fonds de cohésion sociale : géré par la Caisse des dépôts et Consignations, il sert à financer le fonds de garantie de certains réseaux d'accompagnement, dont France Active. Il vise à garantir les microcrédits accordés, notamment en assumant leur remboursement en cas de défaillance de l'emprunteur.
- Les réseaux d'accompagnants : il s'agit principalement d'associations ayant vocation à accompagner les porteurs d’un projet d’entreprise. Proposé par exemple par France Active et Initiative France, cet accompagnement est indispensable à l'octroi d'un microcrédit auprès d'un établissement bancaire agréé.
4. Le financement participatif
Le financement participatif constitue un outil de financement alternatif au crédit bancaire. Il peut prendre trois formes différentes : le crowdfunding, le crowdequity et le crowdlending.
Qu’est-ce que le financement participatif ?
Créé initialement pour financer des projets artistiques et solidaires, le financement participatif permet désormais à des porteurs de projet de solliciter des fonds auprès de particuliers et de professionnels. Réalisée depuis une plateforme Internet, la campagne de financement peut servir à financer la création ou le développement de l'activité, en complément d'un financement bancaire. Semblable à une campagne de levée de fonds en ligne, le financement participatif peut prendre 3 formes principales.
- Le crowdfunding : cet outil de financement alternatif invite généralement les individus à réaliser des dons pour le projet, généralement en échange d'une contrepartie (des goodies, un prototype du produit, une prévente, etc.).
- Le crowdequity : il permet à l'apporteur de fonds de bénéficier d'une prise de participation au capital en contrepartie de son investissement.
- Le crowdlending : le financement participatif peut aussi prendre la forme d'un prêt avec ou sans intérêts.
Comment choisir sa plateforme de financement participatif ?
KissKissBankBank, BlueBees, Happy Capital, Lendopolis, October, Tudigo, Ulule… il existe de nombreuses plateformes de crowdfunding et de crowdlending permettant de financer un projet d’entreprise. Le porteur de projet peut s'appuyer sur plusieurs critères pour sélectionner celle qui est la mieux adaptée à son projet.
- L'objectif de financement : l'entrepreneur peut notamment s'orienter vers une plateforme généraliste ou, pour un projet spécifique, vers une plateforme spécialisée (culture, high tech, environnement, etc.).
- Le profil des contributeurs : il sera préférable d'opter pour une plateforme locale si vous portez un projet local (ouverture d'un restaurant par exemple). A contrario, une plateforme nationale sera plus adaptée à un projet non géolocalisé.
- Le type de financement : le porteur de projet peut aussi sélectionner une plateforme selon la nature du financement qu'il recherche, à savoir un don (avec ou sans contrepartie), un prêt (avec ou sans intérêts) ou un investissement.
- Le fonctionnement de la plateforme : notoriété, commissions prises par le site, obligation d'atteinte de l'objectif financier, services proposés... autant de critères qui vont aussi jouer dans le choix d'une plateforme.
5. La prise de participation
Pour un investisseur, la prise de participation consiste à entrer au capital d'une entreprise afin d'en devenir actionnaire. Pour cela, il achète des actions, des titres ou des parts du capital social de la société. En échange de son investissement, l’apporteur de fonds peut bénéficier d’un droit de vote et de dividendes sur le bénéfice réalisé.
Pour l'entreprise, la prise de participation nécessite d'ouvrir son capital à des investisseurs extérieurs. Pouvant être réalisée auprès de business angels, de fonds en capital-risque, de fonds en capital-investissement ou encore de fonds communs de placement et d'investissement, cette opération offre plusieurs avantages à la société :
- une augmentation du capital sans avoir à emprunter ;
- l'absence d'obligation de remboursement ou d'engagement à octroyer une plus-value ;
- un accès simplifié au crédit bancaire grâce à une situation financière plus solide ;
- l'accès à un réseau professionnel d'investisseurs.
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