La loi européenne sur les semi-conducteurs, appelée Chips Act, est entrée en vigueur le 21 septembre 2023. Elle permettra à l’Europe de doubler sa part de marché mondiale actuelle dans le domaine des semi-conducteurs, pour retrouver son autonomie et sa compétitivité.
Sortir de la dépendance dans le secteur des puces électroniques
Des ordinateurs aux voitures, en passant par les consoles de jeux, les smartphones et les télévisions : de nombreux objets du quotidien contiennent des semi-conducteurs, aussi appelés puces électroniques. Lors de la pandémie de coronavirus qui a conduit à une perturbation des chaînes d’approvisionnement, l’Union européenne a véritablement pris conscience de sa dépendance problématique aux fabricants asiatiques. En réponse, une série de mesures visant à renforcer l’écosystème des semi-conducteurs du vieux continent a été proposée par la Commission européenne en février 2022. Puis, le 25 juillet 2023, le conseil européen a approuvé le Chips Act à l’unanimité. Ce vaste plan d’investissement est entré en vigueur jeudi 21 septembre.
En quoi consiste le Chips Act ?
Le Chips Act est un règlement à l’initiative de Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, qui vise à porter la production de puces électroniques de l’UE à 20 % de la capacité mondiale d’ici 2030, contre 10 % actuellement. Pour parvenir à doubler les parts de marché de l’Europe sur ce segment essentiel, un financement de 43 milliards d’euros a été mobilisé, contenant des fonds publics et privés. Le Chips Act s’appuie sur trois piliers :
- Faciliter les transferts des innovations des laboratoires vers les usines : 3,3 milliards d’euros seront déployés pour s’assurer que les progrès scientifiques bénéficient concrètement aux activités industrielles du domaine.
- Encourager les investissements publics et privés dans l’installation d’usines de puces électroniques : le règlement prévoit la création possible d’une aide d’État pour “des installations inédites”.
- Renforcer la collaboration entre États membres pour mieux suivre l’offre et la demande, et anticiper les pénuries.
Plus de 100 milliards d’euros d’investissements déjà annoncés
Pour Thierry Breton, “l’Europe franchit une étape décisive dans la détermination de son propre destin” avec l’entrée en vigueur de l’European Chips Act. “Nous sommes en train de devenir une puissance industrielle sur les marchés du futur, capables de nous approvisionner et de fournir au monde entier des semi-conducteurs à la fois matures et avancés. Des semi-conducteurs qui sont des éléments essentiels des technologies qui façonneront notre avenir, notre industrie et notre base de défense”, a-t-il précisé. Ce dispositif a déjà suscité plus de 100 milliards d’euros d’investissements industriels. À elles seules, les constructions de deux usines de processeurs Intel à Magdebourg, en Allemagne, nécessitent 30 milliards d’euros d’investissement de la part du groupe américain, associés à une subvention de 10 milliards d’euros de l’État fédéral. En France, ce sont STMicroelectronics et GlobalFoundries qui vont créer une méga-usine de piles à Crolles, près de Grenoble. Un projet pour lequel l’investissement monte à 7,5 milliards d’euros, sous forme de subventions. Il permettra de développer, d’ici à 2027, des puces de haute performance et économes en énergie, destinées aux acteurs européens de l’automobile, de l’industrie spatiale, du déploiement 5G/6G ou encore de la défense.