L'équipementier automobile Valeo a annoncé la mise en vente de trois de ses sites industriels situés dans les Pays de la Loire, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France. Cette décision, qui concerne près de 1000 salariés, intervient dans un contexte de baisse d'activité et de transformation profonde du secteur. Les syndicats s'inquiètent pour l'avenir des emplois.
Un fleuron de l'automobile en pleine transformation
Fondé il y a près d'un siècle, Valeo est un acteur majeur de l'industrie automobile mondiale. Le groupe français, qui emploie 112 700 personnes dans 29 pays. Il est présent sur toute la chaîne de valeur, de la conception à la fabrication, avec 175 usines et 66 centres de R&D (Recherche & Développement).
Valeo est structuré autour de trois pôles d'activités :
- Valeo Brain, dédié aux systèmes d'aide à la conduite et au confort (détection, caméras, radars, affichage tête haute...)
- Valeo Power, centré sur l'électrification des motorisations et la gestion de l'énergie (moteurs électriques, électronique de puissance, système 48V...)
- Valeo Light, regroupant les solutions d'éclairage et d'essuyage (phares, feux, projecteurs, essuie-glaces...)
Le groupe se positionne comme un leader technologique dans les domaines clés de la mobilité du futur. Il fournit la plupart des constructeurs automobiles mondiaux et se classe dans le top 3 mondial sur de nombreux produits. Récemment, Valeo a d’ailleurs annoncé un partenariat stratégique avec Renault portant sur le développement des véhicules définis par logiciel (Software Defined Vehicle).
Des résultats financiers en demi-teinte
Au premier semestre 2024, Valeo a réalisé un chiffre d'affaires de 11,1 milliards d'euros, une légère augmentation par rapport à l'année précédente. L'entreprise a réussi à améliorer ses bénéfices avant impôts et autres coûts, ce qui est un bon signe. Cependant, après avoir payé certaines dépenses exceptionnelles, le flux de trésorerie de Valeo, c'est-à-dire l'argent restant après avoir couvert ses coûts, était négatif à hauteur de 43 millions d'euros. En 2023, Valeo avait bien atteint ses objectifs financiers, avec un chiffre d'affaires de 22 milliards d'euros, en hausse de 11 %. Malgré ces résultats, l'entreprise prévoit de continuer à augmenter ses bénéfices et sa trésorerie de plus de 60 % d'ici 2025, grâce à son plan stratégique "Move Up" qui vise à accélérer dans l'électrification, la conduite autonome, le confort à bord et l'éclairage intelligent.
Trois sites en difficulté
C'est dans ce contexte que s'inscrit l'annonce de la mise en vente de trois usines Valeo en France. L'usine de La Suze-sur-Sarthe (Pays de la Loire), spécialisée dans les échangeurs thermiques pour la climatisation, emploie 270 personnes, contre 2000 il y a 20 ans. Cette baisse d'activité continue illustre le déclin des motorisations thermiques. À Saint-Quentin-Fallavier (Auvergne-Rhône-Alpes), les 350 salariés produisaient jusqu'à récemment des démarreurs. Le site s'est reconverti dans les systèmes d'hybridation, une technologie qui peine à trouver son marché. Quant au centre de R&D de La Verrière (Île-de-France) et ses 400 employés, il avait déjà été touché par un plan social en début d'année, conséquence de la réorganisation mondiale de l'ingénierie du groupe.
L'inquiétude des salariés de chez Valeo
Pour les salariés concernés, l'annonce de la mise en vente est vécue comme un choc. "C'est notre deuxième maison, un vrai coup de massue" témoigne un délégué syndical pour France 3. Beaucoup ont fait toute leur carrière chez Valeo et craignent de ne pas retrouver d'emploi, surtout les seniors. Des débrayages ont eu lieu pour exprimer la colère. Les syndicats dénoncent une logique purement financière et un manque d'anticipation. Ils demandent à la direction de prendre le temps nécessaire pour trouver des solutions de reprise et éviter les fermetures.
Sauvegarder un savoir-faire
Les sites de Valeo concernés par le plan de cession capitalisent des décennies d'expérience et un savoir-faire reconnu, notamment dans le domaine des transmissions et de la gestion thermique.
L'équation est complexe entre la nécessaire adaptation aux nouvelles technologies (électrique, hydrogène, logiciels embarqués...) et la préservation de capacités dans des domaines qui resteront porteurs (moteurs thermiques, boîtes de vitesse...).
Réindustrialiser et monter en compétences plutôt que désindustrialiser, tel est le défi. Cela nécessite une vision long terme, des investissements ciblés et un dialogue social de qualité. La recherche de repreneurs pour les sites Valeo en est le premier acte.
L’emploi automobile sous pression en France
L'emploi dans l'industrie automobile en France a beaucoup changé ces dernières années. Selon les données du Baromètre de l’emploi de l’URSSAF et de l’ANFA, en septembre 2023, environ 386 000 personnes travaillaient dans le secteur de la vente et de la réparation de voitures, motos et camions, soit 50 000 de plus qu'en 2014. Cependant, certaines régions, comme la Bourgogne-Franche-Comté, ont vu une baisse de 3,2 % des emplois dans ce secteur au deuxième trimestre 2023 d’après l’INSEE. En 2014, on estimait que plus de 2,3 millions d'emplois étaient liés à l'industrie automobile, représentant environ 9 % de la population active. Mais aujourd'hui, d’après Le Monde, les emplois directement liés à ce secteur ne représentent qu'entre 1 % et 3 % de la population active. Bien que l'industrie automobile reste un employeur important, elle a connu des hauts et des bas, notamment à cause de fermetures d'usines et de restructurations dans certaines régions.