Après avoir levé 4 millions d’euros, Bluefins entre dans une nouvelle phase de son développement. La jeune pousse bretonne prévoit d’utiliser cette enveloppe pour financer des essais en mer dès février 2025. Sa technologie brevetée, inspirée des nageoires des baleines, sera testée sur un navire de 45 mètres.
Des moteurs de bateaux non polluants qui imitent les baleines pour économiser du carburant
La course contre la montre est engagée. Il nous reste moins de 30 ans pour atteindre l’objectif fixé par le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) : atteindre la neutralité carbone. Installée à Brest, Bluefins a décidé de s’attaquer à l’un des plus gros pollueurs : le transport maritime, responsable de 3 % des émissions mondiales de CO2.
Créée par Olivier Giusti en 2021, la start-up fabrique des moteurs pour les bateaux qui n’utilisent pas de carburant. Inspirée par les nageoires des baleines, cette technologie a été mise au point en partenariat avec Ifremer, un institut français de recherche en sciences marines.
Le principe repose sur un système d'ailettes articulées, fixé à l'arrière du bateau. Elles oscillent et captent le mouvement de tangage provoqué par les vagues pour les convertir en propulsion. Cette technologie biomimétique exploite ainsi l'énergie naturelle de la houle pour faire avancer le navire, tout en réduisant la consommation de carburant. Elle peut être adaptée aux porte-conteneurs, pétroliers, gaziers, chimiquiers et navires hauturiers.
Les bénéfices sont significatifs : une réduction d’au moins 20 % de la consommation de fioul, ainsi qu’une baisse équivalente des émissions de gaz à effet de serre (CO2) et de polluants tels que les oxydes de soufre (SOx) et d'azote (NOx). En prime, ce système améliore la stabilité du navire et réduit les mouvements de tangage.
La technologie suscite déjà un vif intérêt dans le secteur maritime. Bluefins bénéficie du soutien de Zebox, l’accélérateur de startups fondé par CMA CGM, leader français du transport maritime, ainsi que de Bpifrance à travers son concours d’innovation iLab.
Réaliser les premiers essais en mer et lancer le déploiement commercial
La start-up bretonne a également séduit plusieurs investisseurs, dont BNP Développement, GTT via son fonds GTT Strategic Ventures, et la Région Bretagne à travers son fonds Breizh Up. Ils rejoignent Greenpact, 4elements et I3 (Ifremer), qui avaient déjà investi en phase pré-seed et qui participent également à ce tour de table.
Avec les 4 millions d’euros levés, Bluefins prévoit d’effectuer ses premiers essais en mer début 2025 sur un remorqueur ravitailleur releveur d’ancres de 45 mètres. La start-up envisage aussi de mener des expérimentations commerciales sur des navires en activité, en collaboration avec des armateurs.
La décarbonation du transport maritime est urgente, mais le chemin est semé d’embûches. Remplacer toute la flotte mondiale prendra du temps et coûtera cher, sans compter que l’espace sur les navires pour installer de nouveaux équipements est très limité. C’est justement à ces défis que Bluefins veut s'attaquer avec sa technologie. Mais cela suffira-t-il à accélérer la transition écologique du secteur tout en préservant la compétitivité des acteurs ?