Créée par Sophie Perdriel, la startup Magma développe un système de culture d’algues dans un environnement contrôlé grâce à des technologies de pointe. Une solution qui permettra d’approvisionner de manière fiable les acteurs du marché, tout en ouvrant la voie à une algoculture locale et durable.
Les algues, un marché en plein essor
Utilisées en Asie depuis des siècles, les algues gagnent peu à peu en popularité dans la société occidentale. Antibactériennes, anti-inflammatoires, antifongiques, antivirales ou encore analgésiques, elles peuvent être exploitées de multiples manières, que ce soit dans les secteurs de l’alimentation, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques, des bioplastiques et des biocarburants. En France, plusieurs startups se sont lancées dans le développement de solutions innovantes à base d’algues et microalgues. Ainsi, Edonia transforme ces végétaux en ingrédients protéinés durables. L’entreprise Alga Biologics, quant à elle, les utilise pour le développement d’anticorps : une technique qui pourrait servir à traiter certains cancers, des maladies infectieuses et des maladies auto-immunes.
Cultiver des algues en Normandie pour éviter les importations
À ce jour, beaucoup d’acteurs français de ce domaine en plein essor “importent les algues dont ils se servent”. Tel est le constat fait par Sophie Perdriel, à l’origine de la startup Magma. Cette trentenaire, fille d’ostréiculteurs du Calvados, a fondé son entreprise fin 2023, à Caen, dans le but de produire localement des algues de haute qualité. Les végétaux seront cultivés dans des bassins à terre au lieu d’être récoltés en mer. Un principe qui permettra d’effectuer de nombreux contrôles tout au long de la chaîne de production, soit du stade de la plantule jusqu’à celui de l’algue commercialisable. Cela garantira une croissance optimale, une biomasse de qualité, une production durable et un approvisionnement fiable aux entreprises clientes. Par ailleurs, la culture en bassin à terre protègera l’océan et sa biodiversité, en limitant la pression exercée sur l’écosystème marin. Enfin, l'initiative de Magma contribuera au développement économique du littoral normand et évitera les problématiques environnementales liées à l’importation d’algues asiatiques.
Un approvisionnement fiable pour l’agroalimentaire, les cosmétiques et la pharmaceutique
Pour aller plus loin dans sa volonté de créer une algoculture durable, Magma prône la polyvalence des méthodes de culture. Son système pourra s’adapter à des bassins existants, offrant aux conchyliculteurs une opportunité de diversification de leurs ressources pendant les périodes creuses. Les algues seront ensuite vendues à des entreprises du secteur de l’agroalimentaire, mais aussi à des acteurs des cosmétiques ou des produits pharmaceutiques. Sophie Perdriel a également pour ambition de “développer (sa) propre gamme de produits agroalimentaires à base d’algues”, comme elle l’a confié au site Choisir La Normandie. Auprès de Ouest France, l’entrepreneuse a précisé que ces produits pourraient être des chips d’algues et des compléments alimentaires, fabriqués en Normandie avec une volonté de préserver l’environnement.
Magma lancera sa production en 2026
Le projet de Sophie Perdriel a reçu le soutien de la Région Normandie, du département du Calvados, du SMEL (Synergie Mer & Littoral), de la Section régionale de conchyliculture Normandie-Mer et de plusieurs industriels normands. Après des débuts au sein de Normandie Incubation, l’entreprise a d’ailleurs déménagé à Blainville-sur-Mer pour débuter une phase pilote au sein du SMEL. Une étape qui va lui permettre de “mettre au point des processus de production espèces par espèces, avec tous les paramètres à contrôler”. En parallèle, la startup recherche le lieu idéal pour installer sa première ferme algocole. À l’horizon 2026, Magma devrait être capable de lancer la production d’une première espèce : la laitue de mer (ulva lactuca). Ce végétal est surtout utilisé en cuisine et peut se consommer aussi bien cru que cuit.
La filière algues s’organise en Normandie
Magma s’est aussi fédéré avec d’autres acteurs locaux de la filière algue, publics et privés, afin de structurer la production et la transformation de cet “or vert”. C’est ainsi que la NFA (Normandie Filière Algues) a été créée le 13 mai 2024. L’Université de Caen, le Comité régional conchylicole, le Comité régional des pêches, Algaia, le groupe Gilbert, Alga Biologics, le SMEL ainsi que les communes de Bernières-sur-Mer et Courseulles-sur-Mer font partie de ce regroupement. Le but : faire émerger une véritable filière autour des algues en Normandie, “pour qu’elles ne soient plus une nuisance, mais une valeur”. Afin de parvenir à ses fins, l’association espère fédérer d’autres entreprises, collectivités et financeurs.
