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Semaine de 4 jours, réindustrialisation, passage dans QVEMA : rencontre avec Baptiste Hamain, le cofondateur de Pimpant

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Rencontre avec Baptiste Hamain, le cofondateur de Pimpant

Crédit image : Pimpant.

Fondée par Karline et Baptiste Hamain, la startup normande Pimpant s’est spécialisée dans les produits ménagers écologiques et rechargeables. Nous avons rencontré Baptiste afin d’échanger sur sa vision du travail et l’impact de son passage dans l’émission Qui Veut Être Mon Associé pour sa jeune société.

La proposition de Pimpant est nette : éliminer les plastiques à usage unique dans les foyers en proposant des produits responsables et rechargeables. Avec une production locale et des ingrédients naturels, leurs produits en poudre à diluer rencontrent un franc succès, soutenu par leur passage dans l’émission phare de M6 en février, Qui Veut Être mon Associé.

Baptiste et Karline Hamain, 37 ans et parents de deux enfants, sont les cofondateurs de Pimpant. Ensemble, ils ont lancé cette entreprise en 2021, après la vente de Fizzer, une application de carte postale qui est rapidement devenue leader européen dans ce domaine avec deux millions d'utilisateurs à travers l'Europe. Baptiste a accepté de nous rencontrer sur Pôle Sociétés pour nous raconter son parcours, son implication dans sa ville d’origine de Dives-sur-mer en Normandie, les retombées de l’émission mais aussi nous éclairer sur sa vision du monde et de l’entreprise.

Comment est né le projet Pimpant ?

Lorsque nous avons vendu Fizzer, Karline et moi avons pris le temps de réfléchir à notre avenir. Devenir parents a changé nos perspectives, et la vente de l'entreprise s'est conclue juste avant le début du Covid-19. C'est notre fille Juliette qui a inspiré le projet Pimpant. Un jour, elle jouait avec du plastique sur la plage, ce qui a suscité en nous une réflexion profonde.

Étant né en bord de mer, le problème du plastique me touche particulièrement. J'ai été témoin de l'état préoccupant des océans au fil des ans. Nous ne savions pas encore précisément quel projet entreprendre, mais nous étions déterminés à agir pour les générations futures. En tant que parents, nous ressentions la responsabilité de préparer un avenir meilleur pour nos enfants.

C'est ainsi que l'idée de Pimpant est née, avec l'objectif de supprimer le plastique à usage unique dans les foyers. Nous voulions apporter notre contribution à la préservation de l'environnement en proposant des alternatives durables et respectueuses de la planète.

Pourquoi avez-vous décidé de participer à l'émission "Qui veut être mon associé" ?

Tout d'abord, c'est la production de l'émission qui nous a contactés, principalement en raison de notre pratique de la semaine de quatre jours. Nous avons décidé de participer pour montrer qu'il est possible de gérer une entreprise différemment, avec une approche plus humaine et flexible. Cette vision a suscité beaucoup de réactions.

Nous n'avons pas reçu d'offres d'investisseurs suite à notre passage, mais cela n'a pas empêché le succès de l'émission. Le véritable succès réside dans l'accueil du grand public. Ce sont les téléspectateurs, et non les investisseurs, qui déterminent la réussite d'une telle émission. Notre passage a eu un impact significatif, et les gens ont apprécié notre approche. Cette expérience a déclenché une vague de solidarité et d'intérêt, et de nombreuses personnes ont choisi d'acheter nos produits pour nous soutenir.

Donc vous n'étiez pas trop déçu de ne pas avoir réussi à convaincre les investisseurs ?

Non, pas du tout. En fait, dès le départ, nous savions que notre participation à l'émission se focaliserait sur la semaine de quatre jours et notre modèle d'entreprise. Il est vrai que lorsqu'on présente à des investisseurs un modèle où les équipes travaillent moins mais mieux, cela peut être difficile à vendre.

L'impact de notre passage a été extrêmement puissant : en une heure d'émission, nous avons réalisé 200 000 euros de chiffre d'affaires. C'est énorme. Nous avons dépassé le million d'euros de chiffre d’affaires sur le mois suivant.

Étiez-vous préparés à ce coup d’accélérateur ?

Oui, nous nous sommes préparés depuis le début du tournage. Nous sommes passés en octobre et avons concentré nos efforts sur la logistique. Le boost a été énorme, surtout que nous gérons notre logistique en interne. Nous avons été sous l'eau pendant trois semaines, mais sans rupture majeure, ce qui est un bel exploit. Les clients ont attendu au maximum dix jours pour recevoir leur commande.

À titre de comparaison, Dijo [startup de probiotiques de la saison 3 de Qui Veut Être Mon Associé], l'année dernière, avait mis trois mois à être livré, ce qui avait été très douloureux. Nous avons également déployé de nombreuses boutiques avant et pendant cette période, en préparation de cet afflux de commandes. C'était certainement plus difficile de prévoir un tel impact lors de la première saison de l'émission, mais maintenant les startups sont prévenues.

Pourriez-vous expliquer votre modèle d’entreprise ?

Notre modèle d’entreprise repose sur une grande flexibilité et une confiance mutuelle. Sur le plan du travail, nos équipes sont en télétravail à 100 %, sauf pour celles qui travaillent dans notre centre logistique, où le télétravail n'est pas possible. Chacun a la liberté de travailler où et quand il le souhaite, ce qui nécessite une bonne dose de responsabilité et une organisation efficace. Un point qui a beaucoup fait parler de nous est l’adoption de la semaine de quatre jours pour toutes les équipes. Je me concentre moins sur le temps de travail et davantage sur les résultats obtenus.

Et puis nous croyons fermement chez Pimpant que pour changer notre façon de consommer, il faut aussi transformer notre manière de travailler. Nous vivons dans un monde où tout va vite et qui conduit à la surconsommation. Prendre le temps de bien faire les choses et d'améliorer notre équilibre de vie est crucial. Par exemple, j'ai récemment rédigé une tribune pour Welcome to the Jungle sur l'idée de la semaine de trois jours. L'idée est de montrer que ce n'est pas la quantité de travail qui compte, mais la qualité de ce qui est accompli et l'équilibre de vie général.

Je suis convaincu que ralentir le rythme peut nous aider à mieux consommer et à vivre plus durablement. Pendant la pandémie, nous avons réalisé l'importance de l'indépendance industrielle de la France, et combien il est essentiel de valoriser les métiers de l'industrie. Nous avons perdu cette indépendance en cherchant toujours à produire plus rapidement et moins cher, en Asie, ce qui a conduit à la perte de millions d'emplois.

C'est pourquoi je défends autant les questions de culture du travail. Il est crucial de créer des entreprises avec de bonnes valeurs, qui donnent envie aux gens de se lever le matin et de contribuer à des projets qui ont du sens.

Vos salariés sont également actionnaires de Pimpant : c’est une culture du travail plutôt généreuse, non ?

Ce n'est pas une question de générosité, mais plutôt de stratégie et d'investissement. En recrutant des talents exceptionnels et en les faisant participer au capital de l'entreprise, nous nous assurons de leur engagement et de leur motivation. Après notre passage dans l'émission, certains m'ont attribué une image un peu "baba cool", mais ce n'est pas le cas : mon objectif c’est de gagner.

Et cette approche porte ses fruits en termes de rétention des talents et de productivité. Parfois, une personne peut accomplir en une journée ce que d'autres réalisent en cinq jours. C'est simplement parce que nous avons les meilleurs avec nous et de quoi les attirer. Chez Pimpant, nous valorisons la performance et l'efficacité. En impliquant nos salariés dans l'entreprise, nous créons un environnement où chacun se sent responsable et motivé à donner le meilleur de lui-même.

À titre personnel, qu'est-ce qui vous anime le plus dans l'entrepreneuriat ?

Aujourd'hui, ce qui m'anime, c'est d'avoir le pouvoir d'améliorer les choses pour les générations futures. C'est ce qui me motive chaque matin. La conservation de notre environnement est un sujet clé pour moi.

J'adore entreprendre et découvrir de nouvelles choses. L'entrepreneuriat demande beaucoup de résilience, et c'est un défi que j'aime relever. Sans ces défis, je m'ennuierais rapidement. Nous allons bientôt lancer notre propre usine de production cet été en Normandie à Dives-sur-Mer.

Cet endroit me tient particulièrement à cœur car c'est là où je suis né. Il s'agit de l'ancien magasin de meubles de mes parents que nous transformons en un écolieu. Ce site comprendra un atelier de production, notre centre logistique, et offrira un espace éducatif pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes possible à notre cause. Nous envisageons d'accueillir des classes, d'avoir un jardin en permaculture, des poules, et bien plus encore. Nous créons le lieu dont nous rêvons sur une surface de 1 500 à 2 000 m², où nous allons installer notre R&D et en faire un endroit iconique et ouvert aux visites. Pour moi, ce projet incarne parfaitement ce que j'aime dans l'entrepreneuriat : l'innovation, le défi, et la possibilité de faire la différence dans le monde.

Vous écrivez donc une nouvelle histoire en reprenant le magasin de vos parents, tout en contribuant au dynamisme de la région ?

Oui, exactement. Il y a un enjeu sociétal fort dans ce projet. Dives-sur-Mer est une ancienne cité ouvrière qui a subi de plein fouet la délocalisation de sa principale usine vers l'Asie, laissant un tiers de la population sans emploi et l'économie locale en grande difficulté. En recréant une activité industrielle, même à petite échelle, nous espérons revitaliser la région.

Nous avons déjà recruté une dizaine de personnes localement et notre ambition est de développer cette initiative. Nous collaborons étroitement avec la ville pour envisager des projets plus vastes qui pourraient vraiment redynamiser l'endroit.

Notre approche repose également sur la proximité. Nous évitons de nous lancer en grande distribution (GMS) car nous voulons rester proches des gens. La GMS a contribué à la disparition des petits commerces à Dives-sur-Mer, et nous voulons inverser cette tendance en soutenant les commerces locaux. Nous croyons que cette philosophie de proximité est essentielle pour un développement durable et respectueux de notre communauté.

Vous écrivez également une newsletter, un magazine pour enfants, et vous êtes très actif sur LinkedIn. Quel est votre secret pour être aussi multitâches ?

La clé est l'organisation et la passion pour ce que je fais. Pour la newsletter "Papapillon", par exemple, nous avons atteint presque 10 000 abonnés en quelques mois grâce à la qualité de notre contenu. Cela nous permet de structurer nos idées et de garder une direction claire avec nos équipes.

Pour le magazine pour enfants "Les missions Plancton", nous avons créé une publication mensuelle personnalisée pour les enfants de 4 à 12 ans, axée sur des thématiques écologiques. Nous en sommes déjà à la deuxième saison, et le projet rencontre un grand succès.

Mon activité sur LinkedIn est également stratégique. Nous avons lancé un collectif au sein de l'équipe, composé de six personnes qui créent du contenu. Cela permet de partager la charge de travail et de maintenir une présence constante en ligne.

Quel impact la création de contenu a-t-elle sur votre entreprise ? Conseilleriez-vous aux entrepreneurs de créer du contenu annexe pour booster leur visibilité et asseoir leur expertise ?

D'abord, la création de contenu renforce le branding de notre entreprise, ce qui nous permet de nous démarquer dans notre secteur. Cela nous aide également à attirer des talents. Par exemple, grâce à notre présence en ligne et à notre image de marque, nous recevons des centaines de candidatures chaque semaine. Même si nous éliminons beaucoup de candidatures qui ne correspondent pas à notre approche, le volume nous permet de sélectionner les meilleurs talents.

Économiquement, la création de contenu représente 10 à 15 % de notre chiffre d'affaires. Notre visibilité accrue sur LinkedIn et via nos newsletters nous a permis d'attirer des associés, d'ouvrir de nouvelles boutiques et de renforcer notre présence sur le marché. En prenant la parole régulièrement et en partageant nos idées, nous inspirons non seulement notre équipe, mais aussi notre audience, ce qui crée un cercle vertueux de croissance et d'engagement.

Pourquoi avoir privilégié l'écrit et la newsletter ?

Nous avons choisi le format écrit et la newsletter pour plusieurs raisons. Premièrement, nous souhaitons un jour sortir des réseaux sociaux. L'écrit permet de transmettre des informations de manière plus réfléchie et moins intrusive.

On accuse souvent l’email d’être polluant alors qu’il l’est beaucoup moins polluant que les heures passées à regarder des vidéos sur TikTok. L'email peut être lu à votre convenance, sans pression immédiate, et ne vous pousse pas à rester en ligne indéfiniment. Vous prenez le contenu, vous lisez et vous repartez, sans être absorbé par une spirale de distractions.

Nous croyons qu'il est essentiel d'éduquer sur les avantages de l'email. Bien qu'il ne soit peut-être pas le moyen le plus explosif pour toucher une large audience, il est cohérent avec notre vision d'un monde où la consommation de contenu est plus contrôlée et respectueuse de l'utilisateur.

Un dernier conseil sur l'entrepreneuriat à donner ?

Le seul véritable conseil en entrepreneuriat, c'est de se lancer sans trop réfléchir. Je ne connais aucun entrepreneur, même ceux qui ont connu un grand succès, qui n'ont pas connu d'échecs, même petits. Avant Fiver, j'ai raté deux entreprises, mais j'ai beaucoup appris de ces échecs, ce qui m'a permis de faire les choses différemment par la suite.

Je ne crois pas non plus en l'utilité des études de marché ou des business plans trop rigides. Je dis souvent à mes équipes que nous devons déconstruire les grands projets en petites étapes. Plutôt que de se lancer dans un projet qui dure un an ou plus, il faut se demander ce que nous pouvons accomplir cette semaine. Plus vous segmentez les tâches, plus vous pouvez réorienter votre direction générale en fonction des résultats obtenus.

JULIETTE

Vente à distance sur catalogue spécialisé

Sommaire

  • Comment est né le projet Pimpant ?
  • Pourquoi avez-vous décidé de participer à l'émission "Qui veut être mon associé" ?
  • Donc vous n'étiez pas trop déçu de ne pas avoir réussi à convaincre les investisseurs ?
  • Étiez-vous préparés à ce coup d’accélérateur ?
  • Pourriez-vous expliquer votre modèle d’entreprise ?
  • Vos salariés sont également actionnaires de Pimpant : c’est une culture du travail plutôt généreuse, non ?
  • À titre personnel, qu'est-ce qui vous anime le plus dans l'entrepreneuriat ?
  • Vous écrivez donc une nouvelle histoire en reprenant le magasin de vos parents, tout en contribuant au dynamisme de la région ?
  • Vous écrivez également une newsletter, un magazine pour enfants, et vous êtes très actif sur LinkedIn. Quel est votre secret pour être aussi multitâches ?
  • Quel impact la création de contenu a-t-elle sur votre entreprise ? Conseilleriez-vous aux entrepreneurs de créer du contenu annexe pour booster leur visibilité et asseoir leur expertise ?
  • Pourquoi avoir privilégié l'écrit et la newsletter ?
  • Un dernier conseil sur l'entrepreneuriat à donner ?