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Osmosun : l’entreprise qui veut dessaler l’eau de mer grâce à l’énergie solaire

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Osmosun : dessaler l'eau de mer grâce au soleil

Crédit image : Osmosun

Installée à Chartres, l’entreprise Osmosun veut lutter contre le manque d’eau potable en dessalant l’eau de mer. Elle développe des machines capables de produire de l’eau douce grâce à une alimentation continue en énergie solaire.

Le manque d’eau potable, un fléau international

Aujourd’hui, dans le monde, plus de deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. En raison du réchauffement climatique et de l’augmentation de la population, ce fléau pourrait toucher 4 milliards de personnes en 2050, selon le rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2019. Tandis que les cours d’eau et les nappes phréatiques s'assèchent, l’une des solutions pour remédier à cette problématique pourrait être de se tourner vers les eaux de mer et les eaux saumâtres du sous-sol. Mais pour pouvoir les utiliser pour les activités humaines, il faut d’abord les dessaler. Une industrie sur laquelle sont déjà engagés des géants tels qu'Engie, Suez et Veolia ainsi que de nombreuses start-ups. Osmosun, anciennement Mascara, en fait partie. Cette entreprise française, basée à Chartres, a été fondée en 2014 par Marc Vergnet et Maxime Haudebourg.

Un dispositif fonctionnant à l’énergie solaire, sans batterie

La technique la plus utilisée pour le dessalement de l’eau se nomme l’osmose inverse. Elle consiste à faire passer l’eau à travers plusieurs membranes, qui filtrent les grains de sel sous l’effet d’une forte pression constante. Efficace, ce procédé est particulièrement énergivore. Lorsque le solaire ou l’éolien sont choisis, une batterie est nécessaire afin de stocker l’énergie et de la diffuser sans discontinuer.

La proposition d’Osmosun parvient à lever ces difficultés et à se positionner comme une solution bas-carbone pour dessaler l’eau. En effet, elle s’appuie sur une technologie propriétaire pour alimenter ses machines grâce à l’énergie solaire, en continu et sans batterie. “Un dispositif mécanique compense et stabilise en permanence la pression dans le système lorsqu’il y a des variations dans l’alimentation électrique”, a expliqué Quentin Ragetly, PDG de la société, à NeoZone. Ainsi, le débit de l’eau est en accord avec le degré d’ensoleillement.

Un mode “hybride” pour les périodes peu ensoleillées

Les unités de dessalement de l’entreprise Osmosun sont systématiquement associées à un générateur solaire, installé juste à côté. Celui-ci peut correspondre à différentes installations : des panneaux solaires au sol ou en toiture, des ombrières solaires, des serres solaires ou encore de panneaux solaires flottants. Les machines sont aussi raccordées au réseau électrique dès que cela est possible. Ainsi, elles peuvent fonctionner lors des périodes de forte demande en eau potable lorsque l’ensoleillement est faible.

Selon leur taille, elles peuvent produire jusqu'à 670 mètres cubes d’eau douce par jour uniquement grâce à l’énergie solaire, et jusqu’à 2000 mètre cubes en mode hybride. Les unités étant modulaires, il est possible de les associer en différents trains de production pour atteindre jusqu’à 10 000 mètres cubes par jour sur un même site. Puisque le processus d’osmose inverse d’Osmosun est peu énergivore, l'eau produite peut être proposée à un tarif moindre que celle des autres acteurs du dessalement.

Des besoins “gigantesques” aux quatre coins du monde

Les solutions d’Osmosun intéressent aussi bien les collectivités que les compagnies des eaux et les acteurs spécialisés dans les problématiques d’accès à l’eau potable. À ce jour, la société a réalisé des projets dans plus de 30 pays, répartis sur quatre continents. Ses unités ont ainsi été installées en Indonésie, en Afrique du Sud, en Polynésie française, au Kenya, au Mozambique ou encore à Madagascar. “Nous nous focalisons sur l’Afrique/ Moyen-Orient avec notamment des pays qui ont des schémas directeurs ‘dessalement’ comme le Maroc, l’Égypte, la Mauritanie…, l’Amérique du sud/Caraïbes, et l’Océanie/Pacifique avec un fort potentiel lié à l’insularité”, a indiqué Quentin Ragetly à Easybourse. Cependant, les besoins en dessalement sont “gigantesques” au niveau mondial. “Peu de régions du monde sont épargnées par le stress hydrique, même les pays les plus proches de chez nous comme l’Angleterre”, a précisé le dirigeant.

Une entrée en bourse réussie pour Osmosun

En 2023, Osmosun a réalisé un chiffre d’affaires de 3 millions d'euros. La société est aussi entrée en bourse sur le marché Euronext Growth en juillet 2023. Cette opération a remporté un vif succès, permettant à l’entreprise de lever 10,75 millions d’euros de la part de ses actionnaires historiques, du groupe OKwind, d’investisseurs institutionnels et d’actionnaires individuels. Ces fonds permettent à l’entreprise de continuer à se déployer à l’international dans des régions stratégiques comme l’Afrique du Nord. Osmosun cherche également à trouver de nouveaux partenariats et à recruter des talents supplémentaires, pour devenir un acteur incontournable du traitement de l’eau au niveau mondial.

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Sommaire

  • Le manque d’eau potable, un fléau international
  • Un dispositif fonctionnant à l’énergie solaire, sans batterie
  • Un mode “hybride” pour les périodes peu ensoleillées
  • Des besoins “gigantesques” aux quatre coins du monde
  • Une entrée en bourse réussie pour Osmosun