Selon le dernier baromètre EY du capital-risque, publié en janvier, les investissements dans la French Tech en 2024 s’élèvent à 7,8 milliards d’euros, ce qui confirme la chute entamée en 2023 mais annonce peut-être une stabilisation à venir.
L’écosystème des start-ups françaises est-il à l’agonie ou revient-il tout simplement à des niveaux d’investissements plus normaux après les montagnes russes de ces dernières années ? C’est la question que tous les observateurs se posent en découvrant le résultat du baromètre EY annuel du capital-risque, publié en janvier dernier. Et pour cause, avec un investissement total dans les start-up françaises en 2024 estimé à 7,8 milliards d’euros, soit 7 % de moins qu’en 2023, la baisse des fonds se poursuit lentement mais sûrement. A noter tout de même que celle-ci est moindre par rapport à la chute de 38 % enregistrée entre 2022 et 2023.
Cinq années en dents de scie
Depuis 2020, force est de constater que la French Tech a connu des hauts et des bas. Alors que les investissements connaissaient une augmentation constante depuis 2016, la pandémie était venue ralentir la croissance et fortement baisser le nombre d’opérations en 2020. L’année suivante, et surtout 2022, avaient bénéficié d’un effet de rattrapage de la crise sanitaire, faisant exploser le nombre d’opérations et les sommes investies dans la tech hexagonale. De l’argent facile, en somme, encouragé par la reprise de l’activité au niveau planétaire, ce qui avait permis d’enregistrer respectivement 10 et 13 milliards d’euros d’investissements en 2021 et 2022.
S’en était suivi une dégringolade des investissements en 2023, avec un total de 8,3 milliards d’euros enregistrés, soit une baisse de 36 % en un an. En 2024, une nouvelle baisse est donc observée, bien que moins brutale que l’année précédente, et que le total reste supérieur à ceux d’avant pandémie. Globalement, les chiffres montrent des investissements moins élevés quel que soit le tour de table, et une baisse importante du nombre d’opérations (660 en 2024 contre 808 en 2023). Par ailleurs, les méga-levées, c’est-à-dire les levées de fonds de plus de 100 millions d’euros, sont moins nombreuses que par le passé, puisqu’on en dénombre une douzaine seulement en 2024 contre une trentaine en 2022. Enfin, le nombre d’amorçages et de séries A a également baissé en 2024, mais ceux-ci sont proportionnellement plus importants sur l’ensemble des opérations (environ 92 %, contre 77 % en 2022)
Vers un écosystème plus mature ?
Ces chiffres ont de quoi effrayer au premier abord, mais ils ne sont peut-être que le signe d’un retour à la normale du marché français des start-up. En effet, selon Antoine Moyroud, Partner chez Lightspeed Ventures, ces données n'attestent pas d’une crise de l’écosystème mais au contraire d’un rééquilibrage et d’une maturité sur le point d’être atteinte. « La French Tech évoluait en 2021 et 2022 dans un environnement de croissance à tout prix avec des valorisations bien plus basées sur les revenus que la rentabilité. Par effet mécanique, nous avons donc aujourd'hui moins de levées et des montants bien inférieurs par tour » En d’autres termes, les investisseurs désormais cibleraient davantage les start-up promises à un avenir rapidement rentable, ce qui s’avèrerait plus stable sur le long terme. « Nous assistons à un retour à la norme, un assainissement ni bon ni mauvais qui donne la preuve que l'écosystème fonctionne » conclut Antoine Moyroud.