Les préoccupations liées au développement durable, aux droits humains et aux enjeux environnementaux prenant une place de plus en plus importante, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s'impose comme un concept essentiel.
Elle invite les entreprises à intégrer les considérations sociales, environnementales et éthiques au sein de leurs activités, allant au-delà des exigences légales.
Cependant, la RSE est-elle une obligation ou une démarche volontaire ? Si les entreprises ne sont pas légalement contraintes, qu’est-ce qui les pousse à adopter ces pratiques ?
La RSE : une démarche volontaire par définition
La RSE est définie par la Commission européenne comme une responsabilité des entreprises vis-à-vis des impacts de leurs décisions et activités sur la société et l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui contribue au développement durable à son origine.
Il s’agit donc par définition d’un engagement volontaire des entreprises, qui repose sur l’idée que celles-ci, en raison de leur influence économique, sociale et environnementale, ont un rôle à jouer dans la construction d’une société plus équitable.
La réglementation actuelle : un équilibre entre volontariat et obligations
Bien que la RSE soit essentiellement volontaire, elle est encadrée par des normes et des initiatives internationales qui orientent les entreprises telles que :
- ISO 26000 : cette norme fournit des lignes directrices pour intégrer la responsabilité sociétale dans la stratégie des entreprises. Bien qu’elle ne soit pas certifiable, elle constitue un cadre de référence important.
- Pacte mondial des Nations Unies : lancé en 2000, ce pacte invite les entreprises à adhérer à dix principes universels liés aux droits de l’homme, aux normes du travail, à l’environnement et à la lutte contre la corruption.
- Objectifs de développement durable (ODD) : les ODD de l’ONU offrent un cadre global pour orienter les actions des entreprises vers des objectifs communs en matière de développement durable.
Bien que ces cadres ne créent pas d’obligations légales, ils incitent fortement les entreprises à adopter des pratiques responsables pour rester compétitives sur le marché mondial.
De plus, certaines lois et régulations nationales et régionales imposent des obligations qui peuvent relever des principes de la RSE tel que :
- la loi Pacte (2019) encourage les entreprises à intégrer des enjeux sociaux et environnementaux dans leur objet social ;
- la loi sur le devoir de vigilance (2017) impose aux grandes entreprises de cartographier les risques et de prévenir les impacts négatifs liés à leurs activités, y compris dans leurs chaînes d’approvisionnement.
Aussi, à l’échelle de l’Union européenne, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), adoptée en 2022, impose aux grandes entreprises de publier des rapports détaillés sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
Pourquoi les entreprises adoptent-elles la RSE, même sans contrainte légale ?
Même lorsque la RSE n’est pas imposée par la loi, de nombreuses entreprises adoptent volontairement ces pratiques pour plusieurs raisons telles que :
- répondre aux attentes des parties prenantes : les consommateurs, investisseurs et employés exigent de plus en plus que les entreprises adoptent des pratiques responsables ;
- améliorer leur image et réputation : une stratégie RSE bien articulée peut renforcer la réputation de l’entreprise, la différencier de ses concurrents, et attirer des talents sensibles à ces questions ;
- réduire les risques et anticiper les régulations : adopter une démarche RSE permet aux entreprises d’anticiper les évolutions réglementaires et d’atténuer les risques juridiques, financiers ou réputationnels liés à des pratiques irresponsables ;
- Etc..
La RSE : une réglementation en expansion
Même si la RSE n’est pas encore une obligation, certains secteurs sont exposés aux régulations liées à la RSE en raison de leur impact sur l’environnement et les droits humains tels que :
- le secteur de l’énergie et des ressources naturelles soumis à des réglementations sur les émissions de carbone et la protection des écosystèmes.
- le secteur de la mode et du textile soumis à des réglementations luttant contre le travail forcé et la pollution industrielle ;
- la vente de technologie et la gestion des déchets électroniques et le respect de la vie privée ;
- etc...
Ces secteurs étant souvent soumis à un examen public plus poussé, la nécessité d’adopter des pratiques RSE rigoureuses est plus importante.
Aussi, le développement des régulations ESG (Environnement, Social, Gouvernance) pourrait rendre certains aspects de la RSE obligatoires à l’échelle internationale.
De plus, si la RSE demeure officiellement volontaire, certaines pratiques spécifiques, comme le respect des droits humains ou la lutte contre la corruption, sont désormais intégrées dans les cadres juridiques. La frontière entre volontariat et obligation devient floue, car les entreprises qui n’adoptent pas ces pratiques risquent des sanctions indirectes : perte de clients, d’investisseurs, ou d’accès au financement.
En conclusion, à la question "La RSE est-elle obligatoire ?", il convient de nuancer la réponse : si la RSE reste une démarche volontaire, elle devient progressivement obligatoire, notamment sous l’influence de régulations liées aux droits humains, à l’environnement, et à la gouvernance.
Aussi, l’évolution vers une réglementation plus stricte témoigne de la prise de conscience mondiale de l’importance des enjeux sociétaux et environnementaux.