Fondée en 2021, Entrelac s’est donné pour mission de démocratiser la contraception masculine. Cette coopérative, portée par un modèle participatif et éthique, accompagne les innovations dans ce domaine, encore largement sous-représentées. Premier projet d’envergure : aider à la certification et à la commercialisation de l’anneau contraceptif thermique français Andro-Switch.
Entrelac rassemble 300 sociétaires et trois salariés, avec une ambition affirmée : élargir l’offre contraceptive pour que chacun puisse choisir la méthode qui lui correspond.
Une initiative née d’une expérience personnelle
L’idée d’Entrelac est née dans un cercle d’utilisateurs de contraception masculine. Parmi eux, Antoine Kolodziej, cofondateur de la coopérative et utilisateur convaincu de l’anneau Andro-Switch, raconte pour Pole Sociétés son expérience personnelle : “J’ai utilisé cet anneau pendant deux ans, fait une pause pour accueillir ma fille, puis repris ma contraception. Dans mon couple, c’est moi qui porte cette responsabilité, mais ce n’est pas le modèle qu’on impose. L’essentiel est que chacun trouve son équilibre, dans le respect du consentement et du choix éclairé.”
C’est cette démarche inclusive qui inspire l’action d’Entrelac. La coopérative accompagne les innovations et contribue à les faire connaître : “Comment un dispositif aussi simple, efficace et peu coûteux pouvait-il rester aussi confidentiel ?”
En 2021, les autorités sanitaires françaises, alertées par la notoriété grandissante de l’anneau à la suite d’une vidéo Konbini, demandent au créateur d’Andro-Switch d’interrompre sa commercialisation pour raisons réglementaires. “Cet événement a été un électrochoc pour nous”, explique Antoine. “Nous avons décidé de créer Entrelac pour combler ce vide et soutenir ces entrepreneurs isolés, en leur apportant un cadre réglementaire, scientifique et logistique.” La coopérative s’appuie ainsi sur une gouvernance participative, où chaque sociétaire a un droit de vote. Une manière d’assurer transparence et éthique dans ses projets.
Andro-Switch : une avancée scientifique et sociétale
Entrelac a donc porté son dévolu sur l’anneau Andro-switch pour son initier son accompagnement et le rendre disponible dans toutes les pharmacies, à l’échelle européenne. Un premier essai clinique doit être lancé en 2025 à l’hôpital Cochin, à Paris, avec une cinquantaine de volontaires. L’objectif : obtenir le marquage CE, indispensable pour une commercialisation en Europe.
“Cet essai de sécurité durera un an et demi. Ensuite, un second essai clinique sur 400 volontaires évaluera son efficacité contraceptive. Si tout se passe comme prévu, Andro-Switch pourrait être disponible en pharmacie d’ici 2028”, précise Antoine. “Nous créons nous-mêmes notre groupe de volontaires, que nous accompagnons de manière très encadrée pendant cette période”, explique-t-il. “Cette méthodologie innovante permet de produire des données scientifiques beaucoup plus fiables, car nous maîtrisons chaque étape : suivi des participants, rendez-vous réguliers, analyses médicales, et accompagnement personnalisé. Notre objectif est de garantir que tout soit fait dans les règles pour obtenir des résultats solides.”
L’anneau Andro-Switch repose sur un principe thermique : il maintient les testicules à une température légèrement supérieure à la normale, ce qui diminue la production de spermatozoïdes. Facile à utiliser, il répond aux attentes de nombreux utilisateurs. Les chiffres sont déjà prometteurs : une efficacité de 95 %, une réversibilité totale après trois mois, et des effets secondaires limités.
Concrètement, l’anneau est un dispositif simple, en silicone, qui se place autour de la verge. Il ne contient ni médicaments ni composants électroniques, et agit mécaniquement pour rapprocher les testicules du corps. Ce mécanisme est suffisant pour faire baisser drastiquement la production de spermatozoïdes. Mis au point grâce aux recherches du docteur Roger Mieusset, qui travaille sur le sujet depuis les années 1980, l’anneau doit être porté environ 15 heures par jour pour garantir son efficacité.
Le suivi médical est essentiel : tous les trois mois, un spermogramme permet de vérifier que la concentration de spermatozoïdes reste bien en dessous du seuil d’un million, garantissant ainsi une efficacité contraceptive optimale. Accessible, réversible, et respectueux du corps, ce dispositif pourrait devenir une alternative sérieuse aux méthodes traditionnelles, tout en ouvrant la voie à une responsabilisation accrue des hommes dans la gestion de la contraception.
Un marché à fort potentiel
La demande en contraception masculine ne cesse d’augmenter mais reste marginale en France. On estime aujourd’hui à 20 000 le nombre d’utilisateurs de méthodes thermiques. À cela s’ajoutent les progrès dans d’autres méthodes, comme la vasectomie ou la contraception hormonale.
“Les grandes entreprises pharmaceutiques restent frileuses sur ce sujet et préfèrent investir dans des solutions féminines. Cela laisse la place à des structures plus petites comme la nôtre pour innover”, analyse Antoine.
Entrelac a déjà obtenu un financement de 300 000 dollars de la part de la Male Contraception Initiative, un organisme américain spécialisé. Cependant, le coût total de l’essai clinique, estimé à un million d’euros, nécessite encore d’importants investissements.
Le futur de la contraception
Entrelac accompagne également deux autres projets, à l’état encore embryonnaire, comme un boxer contraceptif : “ce type de solution représente l’avenir. C’est un moyen pratique et accessible pour les utilisateurs”, estime Antoine Kolodziej.
Portée par une vision européenne et des projets innovants, Entrelac ambitionne de devenir un acteur clé de la contraception masculine. “Notre objectif n’est pas seulement de commercialiser un produit, mais de créer un écosystème qui permette à chacun de trouver une solution adaptée”, conclut Antoine. Un projet à suivre de près !