Lors de l'édition 2024 du salon VivaTech, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, Marina Ferrari, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l'investissement, ont annoncé les 10 lauréats de la 5ème relève de l'appel à projets "Première Usine". Ce dispositif, qui s'inscrit dans le cadre du plan France 2030 et de la stratégie "Start-ups industrielles", vise à soutenir l'ouverture de nouvelles usines portées par des start-ups et PME innovantes, dans des secteurs stratégiques tels que les matériaux, le recyclage, le transport et l'agroalimentaire.
Un soutien financier conséquent pour faciliter l'industrialisation de productions innovantes
Pour cette 5ème relève, 42 millions d'euros d'aides seront apportés pour soutenir les investissements dans 10 premiers sites industriels, représentant un montant total d'investissement productif de 885 millions d'euros. Depuis son lancement en 2022, le dispositif "Première Usine", piloté par la direction générale des entreprises (DGE) et opéré par Bpifrance, a déjà soutenu 66 projets à hauteur de 293 millions d'euros. Au total, en 5 relèves, ce sont donc 66 nouvelles usines qui vont voir le jour dans les prochains mois grâce à ce dispositif, témoignant de son efficacité pour accélérer l'industrialisation de productions innovantes sur le territoire français.
Ce soutien financier s'inscrit dans la dynamique de reconquête industrielle engagée par l'État avec le plan France 2030, doté de 54 milliards d'euros sur 5 ans, et la stratégie "Start-ups industrielles", qui vise à convertir l'excellence de la recherche et de l'entrepreneuriat français en réussites industrielles et productives. L'objectif est de faire émerger 100 sites industriels par an à l'horizon 2030, en apportant un soutien adapté aux start-ups et PME innovantes pour leur permettre de franchir le cap de l'industrialisation.
Les acteurs innovants jouent en effet un rôle clé dans la réindustrialisation du pays, notamment dans le développement des nouvelles technologies d'avenir comme la décarbonation de l'industrie, l'hydrogène vert, les matériaux composites ou encore les protéines alternatives. À ce jour, plus de 2 500 start-ups à vocation industrielle ont été identifiées sur le territoire, représentant un fort potentiel de réindustrialisation et un intérêt socio-économique structurant en termes de création d'emplois, d'investissements et d'attractivité des territoires.
Des projets innovants dans des secteurs stratégiques
Parmi les 10 lauréats de cette 5ème relève, on retrouve des entreprises développant des solutions innovantes dans des domaines variés. Dans le secteur des matériaux, Ballons, basée à Chavelot dans le Grand-Est, propose une technologie de pyrolyse du bois pour produire du biocarbone, un substitut au charbon fossile permettant de décarboner l'industrie métallurgique. Le projet, estimé à 50 millions d'euros, prévoit la construction d'une usine d'une capacité de 20 000 tonnes par an, qui devrait être opérationnelle d'ici 2026 et créer une cinquantaine d'emplois locaux.
Toujours dans l'industrie, Vistory, implantée à Bourges en Centre-Val de Loire, développe des mini-usines mobiles de fabrication additive pour produire des pièces de rechange à la demande. Grâce à son système d'exploitation avant-gardiste MainChain, basé sur une Blockchain privée, l'entreprise devient un tiers de confiance dédié à la production dématérialisée, offrant des solutions comme Mobile Clinics pour produire des pièces en urgence ou FastRepro pour gérer les ruptures de stocks.
Le secteur de l'énergie est également bien représenté, avec Energy Observer Development, basée à Antony en Île-de-France, qui conçoit des générateurs électriques fonctionnant avec une pile à combustible hydrogène, pour des usages stationnaires ou mobiles. Forte de l'expérience acquise lors du tour du monde du navire Energy Observer, premier bateau à hydrogène, l'entreprise ambitionne de contribuer à la révolution énergétique en proposant des solutions accessibles aux communautés maritimes et portuaires.
Dans la même veine, GravitHy, à Fos-sur-Mer en Provence-Alpes-Côte d'Azur, porte un projet de décarbonation de la chaîne de valeur de l'acier en produisant du fer réduit à partir d'hydrogène décarboné. Sa première usine, qui représente un investissement de 2,2 milliards d'euros et la création de 500 emplois directs, vise à produire 2 mégatonnes de fer par an, réduisant ainsi significativement les émissions de CO2 liées à la production d'acier.
L'agroalimentaire n'est pas en reste, avec Huddle Corp, à Saint-Herblain en Pays de la Loire, qui vise à industrialiser une nouvelle technologie de formulation d'aliments pour les animaux d'élevage. Leur objectif est d'améliorer la qualité des protéines animales et la durabilité des élevages en proposant des aliments innovants, plus sains et plus respectueux de l'environnement.
Dans un registre similaire, Toopi Organics, à Loupiac de La Réole en Nouvelle-Aquitaine, implante sa première unité industrielle pour produire des biostimulants à partir d'urine humaine. Cette start-up propose une solution circulaire et locale pour réduire l'usage d'engrais chimiques en agriculture, tout en valorisant un déchet abondant. Son usine aura une capacité de production d'environ 2 millions de litres par an.
Enfin, l'aéronautique et le spatial ne sont pas en reste, avec des lauréats comme Pyromeral Systems à Pont-Sainte-Maxence dans les Hauts-de-France, qui va produire des pièces composites à matrices céramiques pour la défense et l'aéronautique. Ces matériaux de haute technologie offrent une résistance exceptionnelle à la chaleur et aux agressions, ouvrant de nouvelles perspectives pour alléger et fiabiliser les équipements.
Dans le domaine spatial, Ion-X à Palaiseau en Île-de-France développe des moteurs pour petits satellites. Son projet Produx-Ion vise à implanter la première ligne de production de ces moteurs, avec une cadence cible de 10 unités par mois, afin d'atteindre l'autonomie stratégique dans ce domaine clé pour la souveraineté spatiale française.
Quant à Expliseat, basée à Avrillé en Pays de la Loire, elle crée sa propre usine pour produire en France son siège de transport en composite, jusqu'ici fabriqué à l'étranger. Offrant des gains substantiels en termes de poids, de confort et de durabilité, ce siège innovant a déjà séduit de nombreuses compagnies aériennes. L'aide de France 2030 va permettre de rapatrier sa production sur le territoire national.
Ces 10 nouveaux projets, auxquels s'ajoutent les 56 lauréats des relèves précédentes, illustrent le dynamisme et le potentiel d'innovation des start-ups et PME industrielles françaises. En les soutenant dans leur passage à l'échelle industrielle, l'État entend accélérer la réindustrialisation du pays, renforcer sa souveraineté dans des secteurs stratégiques et créer de nombreux emplois durables et qualifiés sur l'ensemble du territoire.
Une dynamique vertueuse qui porte déjà ses fruits, puisque près de 20 % des 354 ouvertures d'usines recensées en 2023 sont le fait de start-ups industrielles. Parmi ces ouvertures, on compte d'ailleurs 10 lauréats des relèves précédentes de l'appel à projets "Première Usine", démontrant l'efficacité du dispositif pour concrétiser les projets industriels innovants.