Le leader français de la e-santé Doctolib vient de franchir un cap majeur dans son développement en annonçant avoir atteint 300 millions d'euros de revenus annuels récurrents (ARR). Cette performance confirme le succès de cette licorne créée il y a 10 ans.
Un pionnier de la santé numérique
Fondée en octobre 2013 par Stanislas Niox-Chateau (PDG), Jessy Bernal (CTO) et Ivan Schneider (Chief Revenue Officer), Doctolib s'est imposée comme un acteur incontournable de la prise de rendez-vous médicaux en ligne en France et en Allemagne. Basée à Paris, avec des bureaux à Berlin, Nantes et Niort, la société compte 1 800 collaborateurs et ambitionne d'atteindre les 3 000 d'ici 2025.
La plateforme permet de prendre rendez-vous 24h/24 et 7j/7 avec plus de 135 000 praticiens. Elle propose aussi des services comme la téléconsultation vidéo sécurisée ou des outils de gestion pour les cabinets médicaux. Doctolib revendique 60 millions de visites par mois, 40 millions de patients inscrits et 300 000 rendez-vous honorés chaque jour. Récemment, elle s’est rapprochée de Tessan, le fournisseur de solutions de téléconsultation en pharmacie, pour permettre à ses utilisateurs de se tourner vers les officines équipées si aucun médecin n’est disponible immédiatement.
Un parcours marqué par des polémiques
Valorisée 5,8 milliards d'euros en 2022, Doctolib a réalisé 217 millions d'euros de chiffre d'affaires la même année, mais reste déficitaire avec 168 millions d'euros de pertes. L'État français a investi 211 millions d'euros via Bpifrance pour 12,5 % de son capital.
Le développement de la licorne française a été ponctué de plusieurs controverses. En juillet 2020, Doctolib a été victime d'un vol de données concernant 6 128 rendez-vous, suite à une faille de sécurité chez un prestataire. Son partenariat avec le Ministère de la Santé durant la crise du Covid-19 a aussi suscité des critiques sur la transmission des données des Français à une société privée. Enfin, le choix d'héberger ses données de santé chez Amazon Web Services (AWS) soulève des questions, en raison des lois américaines sur l'accès aux données.
Priorités : rentabilité, expansion et sécurité des données
Malgré ces défis, Doctolib maintient ses objectifs. Le franchissement des 300 millions d'euros de revenus annuels récurrents en juillet 2023 marque une étape importante vers la rentabilité, visée pour 2025. La société mise aussi sur la poursuite de son expansion européenne, comme en témoigne le rachat en juin 2021 de la plateforme italienne Dottori.it.
Le développement de nouvelles fonctionnalités pour les praticiens et les patients figure aussi au programme, tout comme la consolidation de son avance technologique. Mais la priorité reste de rassurer sur la sécurité et la confidentialité des données, un enjeu majeur pour gagner la confiance de ses utilisateurs.
Malgré la concurrence de Keldoc et Maiia en France, Doctolib entend bien s'imposer comme un leader européen de la santé numérique. Avec 300 millions d'euros de revenus annuels récurrents, la licorne française en a désormais les moyens. Le défi est maintenant de confirmer son succès en dégageant des bénéfices, tout en apportant des réponses concrètes aux questions légitimes soulevées par l'exploitation des données de santé de ses utilisateurs.