La startup de métallurgie Vulkam réalise une seconde levée de fonds de 34 millions d’euros, sept ans après sa création. Ce financement doit servir à financer la construction et la mise en route de son usine de production de métaux amorphes.
Lancée en 2017 Vulkam est une startup issue du SIMaP à Grenoble, le laboratoire de Science et Ingénierie des Matériaux et Procédés, qui fusionne trois unités de recherche du CNRS, de Grenoble-INP et de l'UGA. Vulkam travaille au développement d’alliages métalliques amorphes, c’est-à-dire dont la structure atomique a été modifiée et offre de meilleures performances. La jeune pousse promet la révolution métallurgique du XXIème siècle.
Concrètement, ces matériaux innovants combinent la dureté et la résistance des céramiques sans en avoir la fragilité, et ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour l'industrie. Vulkam cible dans un premier temps les secteurs de l'horlogerie, du médical et de l’aérospatial.
Des procédés brevetés économes en ressources
Également plus flexibles et plus légers, les matériaux amorphes révèlent tout leur potentiel dans la fabrication des composants de petite taille. Sébastien Gravier, fondateur et directeur général de Vulkam, souligne l'importance de la miniaturisation industrielle dans un entretien accordé à l’INP de Grenoble : “Nous nous focalisons sur la miniaturisation, économiquement plus rentable. Nos produits permettent de miniaturiser les dispositifs médicaux, ou d’augmenter la durée de vie des systèmes mécaniques. Nous nous adressons d’ores et déjà aux industriels de l’horlogerie, du médical et de l’aérospatial, demandeurs de pièces métalliques en grands volumes et à haute valeur ajoutée. Mais d’ici à cinq ans, nous espérons innover avec de nouvelles compositions de matériaux pour d’autres segments de marchés, comme les transports mais aussi les sports et les loisirs.”
Vulkam a également développé et breveté des techniques de production par thermomoulage qui permettent une réduction considérable de l'utilisation des matières premières. Ces méthodes, analogues au moulage par injection plastique ou à la coulée sous pression, autorisent la fabrication de pièces de haute précision, atteignant une finesse de l'ordre de quelques micromètres, sans nécessiter d'opérations d'usinage complémentaires, ce qui élimine la production de déchets. La société estime que cette innovation permet de réaliser des économies de matières premières de 50 % et de réduire les émissions de CO2 de 30 %, par rapport aux procédés classiques.
Une levée de fonds liée à la construction d’une usine
La levée de fonds de 34 millions d'euros a été réalisée auprès du Fonds SPI 2 (Bpifrance), des investisseurs historiques de Vulkam (Supernova Invest, UI Investissement, BNP Paribas Développement et Crédit Agricole Sud Rhône Alpes Capital) et des nouveaux entrants Inco Ventures, le Groupe SEB et Vertech.
Le financement sera principalement affecté au développement d'une nouvelle usine de 3 000 mètres carrés située en Isère. Cette somme financera également le lancement d'une ligne de production prévue pour 2025. L'entreprise prévoit de maintenir un centre d'expérimentation au sein du SIMaP, avec lequel elle envisage d'établir un laboratoire commun. La société emploie actuellement 30 personnes, dont 70 % d'ingénieurs, de docteurs et de techniciens. Elle anticipe une augmentation de ses effectifs et projette de recruter 20 nouveaux collaborateurs dans les trois prochaines années.