Dans l'univers feutré des musées, une startup française apporte un vent de modernité. Myse, contraction de "My Selection", propose une application permettant à chaque visiteur de créer son propre catalogue d'exposition. Une innovation qui séduit aussi bien les musées que les amateurs d'art.
L’idée de Myse est née d’un dîner entre voisins. "Je viens du digital et mon voisin vend des livres rares dans le 6e arrondissement de Paris. Pendant un repas, il m'a raconté sa frustration en visitant une exposition : le catalogue ne contenait pas les œuvres qu'il avait aimées. Il voulait une solution pour créer un catalogue personnalisé", raconte Jacques Perche, président et cofondateur de la startup.
L'idée prend rapidement forme : une application permettant aux visiteurs de scanner les cartels des œuvres présentées, d'ajouter celles qu'ils préfèrent à une sélection personnalisée et d'imprimer un catalogue à la demande. "Fondamentalement et techniquement, ce n'était pas si compliqué à mettre en place. Il fallait juste avoir l'idée."
Un projet qui séduit des institutions en demande d’innovation
L'aventure débute officiellement en décembre 2022. L'équipe de Myse se compose de quatre fondateurs aux compétences complémentaires. Le musée Marmottan-Monet se laisse tenter. "Ils ont trouvé l'idée amusante et innovante. On a mis en place un pilote, et les premiers retours ont été enthousiastes", explique Jacques Perche. "En fait, ce qui nous a frappés, c'est la réaction des visiteurs : ils étaient enchantés de repartir avec un catalogue sur mesure, qu'ils avaient eux-mêmes composé. Certains nous ont écrit après leur passage pour nous dire qu'ils montraient fièrement leur catalogue à leurs proches."
Depuis, Myse s'est déployé à la Courtauld Gallery à Londres et discute activement avec plusieurs grands musées, dont la Tate Britain. "Nous sommes aussi en discussion avancée avec le deuxième plus grand musée de Paris et avec des musées en Belgique, en Italie et en Scandinavie", ajoute le président de Myse.
Un modèle économique attractif
Côté tarif, Myse s'est aligné sur les prix du marché. "Les catalogues d'exposition coûtent entre 9 et 50 euros. Nos catalogues personnalisés vont de 13 à 20 euros, selon le nombre d'œuvres sélectionnées." L'impression se fait à la demande grâce à des imprimantes de haute qualité installées directement dans les musées partenaires.
Ce modèle économique limite les invendus et réduit le gaspillage, point sensible pour les institutions culturelles. "On sait que jusqu'à 80 % des catalogues d'exposition partent au pilon. Notre solution permet d'éviter cette déperdition et d'imprimer uniquement ce qui est vraiment souhaité par le visiteur", souligne Jacques Perche.
Les musées y voient aussi un avantage en termes de gestion des stocks. "Avec Myse, il n'y a plus besoin de prévoir des milliers d'exemplaires en avance et de prendre le risque d'un stock invendu. Chaque catalogue est unique et commandé directement par le visiteur."
L'application est déjà disponible en 10 langues pour s'adapter à la pluralité des visiteurs. "On constate une forte saisonnalité, avec un pic d'utilisation pendant les vacances et un engouement particulier des touristes internationaux."
Une expansion rapide
Avec un taux de conversion de 4 % des visiteurs, Myse convainc et attire les investisseurs. La startup a déjà levé 500 000 euros et prépare une nouvelle levée de fonds pour accélérer son développement. "On discute avec de nombreux musées en Europe, aux Émirats et aux États-Unis. Le marché de l'art est en pleine transformation digitale, et nous avons une carte à jouer."
Le modèle de Myse pourrait même s'étendre au-delà des musées. "On reçoit déjà des demandes pour adapter notre technologie à d'autres lieux culturels, comme les expositions temporaires ou les fondations d'art privées", précise Jacques.
L'ambition de Myse ? S'imposer comme un standard dans les musées, en offrant aux visiteurs un souvenir personnalisé et aux institutions une solution plus adaptée aux nouvelles attentes du public. "Les musées ont une vocation patrimoniale, mais aussi commerciale. Notre solution leur permet d'innover sans renier leur ADN”, conclut Jacques Perche.