4 minutes de lecture

Paul-Antoine Briat raconte la success story d’Iris Galerie : “Le monde de l’art est gourmand d’innovations.”

Publié le

Rencontre avec le cofondateur d’Iris Galerie, Paul-Antoine Briat

Crédit image : Ben Deroche

Iris Galerie propose une expérience unique et singulière : transformer votre iris en œuvre d’art. Fondée en 2021 par les fondateurs de YellowKorner, l’entreprise s’est rapidement exportée à travers le monde. Paul-Antoine Briat nous raconte la genèse de ce concept étonnant et son développement fulgurant en seulement quelques années.

Depuis la première galerie ouverte à l’été 2021 à Paris sur l’Île Saint-Louis, la marque compte aujourd’hui plus de 150 succursales à travers le monde. Iris Galerie photographie l'œil des gens en duo, en famille, entre amis, pour transformer l’iris en œuvre d’art à rapporter chez soi.

Compagnons de route et associés de longue date, Alexandre de Metz et Paul-Antoine Briat s’étaient déjà fait connaître dans le monde de la photographie à travers YellowKorner, un réseau de galeries d'art spécialisées dans la vente de photographies en édition limitée et numérotée. À la vente de leur société, ils décident de lancer Iris Galerie. Pourquoi s’intéresser soudainement à l'œil ? Paul-Antoine Briat raconte la genèse de ce projet et sa trajectoire prometteuse.

Comment devient-on entrepreneur dans le domaine de la photographie ?

Titulaire d'un diplôme HEC en entrepreneuriat, j'ai fondé YellowKorner à la fin de mes études, une entreprise que j'ai ensuite cédée en 2021 avec mon associé à la famille suisse Despature, propriétaire de Damart. Cette vente a été rapidement suivie par la création d'Iris Galerie. La photographie est une passion, sans doute influencée par mes années passées près d'Arles, une ville emblématique pour les amateurs de photographie.

Lancée à l'été 2021, Iris Galerie compte aujourd'hui 150 galeries à travers le monde. Notre concept repose sur la capture et la photographie de l'iris, offrant ainsi une manière unique de saisir les émotions humaines. L'essence de notre activité consiste à immortaliser ces clichés sur différents supports. Nous diversifions actuellement nos produits avec des innovations telles que des LightBox et des bijoux.

Comment l’idée vous est venue ?

L'inspiration nous vient de l'œuvre de Francis Giacobetti, un photographe pionnier qui, dès les années 1970, a commencé à immortaliser l'iris de personnalités telles que le Dalaï Lama, Fidel Castro, Nelson Mandela, Ray Charles et Serge Gainsbourg. Nous avons été fascinés par son travail, que nous avons eu l'occasion de publier et d'exposer au sein de notre autre société d’exposition photo. Nous avons souhaité rendre cette expérience accessible au grand public, et pas seulement à un cercle restreint de célébrités.

Pour ce faire, nous avons développé à la fois le hardware et le software nécessaires pour garantir une expérience utilisateur agréable, qui révèle la beauté unique de leurs yeux, agrémentée d’histoires tirées de l’iridologie.

Comment fonctionne le processus de prise ?

La capture de l'image se fait à l'aide d'un dispositif similaire à celui utilisé en ophtalmologie. Le sujet place sa tête sur une mentonnière, et la prise de vue, qui dure seulement quelques secondes, commence. L'image obtenue est ensuite traitée par notre logiciel, sans modification des couleurs ou des formes. Nous ajoutons simplement de la lumière pour mettre en valeur les détails de l'iris.

Les clients sont souvent étonnés lorsqu'ils découvrent leur œil de près pour la première fois. Grâce à l'éclairage spécifique, ils peuvent voir la couleur réelle de leurs yeux. Après la prise, l'image de l'œil est affichée sur un écran, permettant au client de choisir le support sur lequel il souhaite l'imprimer, que ce soit seul ou avec d'autres images. Nous proposons différentes options de tirage, allant de ceux à emporter immédiatement à des formats plus grands qui nécessitent une commande.

Que révèle l'iris des gens ?

Nous explorons de plus en plus les récits cachés dans les yeux des individus, cherchant à déceler les origines, les forces, les faiblesses… Ces enseignements sont tirés de l'iridologie asiatique, une discipline ancienne apparue il y a 5 000 ans en Chine, en même temps que l’astrologie. Au-delà de son aspect esthétique, l'iris peut révéler des informations significatives : les naturopathes l'utilisent pour effectuer des analyses préliminaires des énergies d'une personne.

Dans la tradition de l'iridologie, tout comme en astrologie, chaque trait peut être interprété comme un signe distinctif. D'ici la fin de l'année, Iris Galerie proposera même à ses clients de découvrir leur signe iridologique. Les premiers tests ont suscité un vif intérêt parmi notre clientèle.

Après la découverte de leur iris, nos clients sont souvent curieux d'en savoir plus sur eux-mêmes. À ce jour, nous avons constitué une base de données anonyme de 1,3 million d'iris, que nous analysons par nationalité. Cette immense collection nous permet de détecter des motifs, des couleurs et des filaments typiques de certaines origines. Grâce à l'intelligence artificielle, nous pouvons même quantifier les pourcentages d'origines ethniques, révélant par exemple si une personne est à 72 % grecque, 11 % italienne, etc. Ces informations, basées sur des analyses détaillées, offrent des perspectives fascinantes sur l'identité et l'histoire personnelle.

Quelle stratégie de croissance avez-vous mise en place pour développer Iris Galerie si rapidement ?

Depuis sa création à l'été 2021, Iris Galerie a connu une expansion rapide, avec désormais 150 galeries ouvertes à l'international et des ouvertures de 2 à 3 nouvelles galeries chaque semaine. Nous sommes présents dans une vingtaine de pays : Canada, États-Unis, Mexique, et plus récemment Hong Kong, notre première implantation en Asie. Notre produit a un caractère universel, s'adressant à tous sans distinction d'âge, de sexe ou de culture, ce qui suscite une curiosité globale.

Notre expansion s'est accélérée au cours des années 2022 et 2023. Pour 2024, nous visons 250 galeries à travers le monde et un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros, chaque galerie générant environ 400 000 euros. Notre modèle d'affaires, déjà éprouvé avec Yellow Korner, est facilement duplicable en succursales grâce à son universalité et son absence de barrières.

Notre développement a également été soutenu par une levée de fonds en 2022 auprès d'Art Nova, un fonds créé par Frédéric Jousset, figure notable du monde de l'art et administrateur du Louvre. Cet apport financier s'ajoute aux investissements en fonds propres réalisés par mon associé et moi-même suite à la vente de Yellow Korner.

L'entrepreneuriat vous a-t-il toujours animé ?

L'entrepreneuriat est un fil conducteur dans ma vie, en grande partie grâce à mes parents qui étaient à la fois médecins et entrepreneurs. J'ai eu la chance d'approfondir cette voie à HEC, où j'ai suivi une spécialisation en entrepreneuriat. Là-bas, j'ai rencontré des mentors clés, dont Pierre Kosciusko-Morizet, non seulement mon professeur mais aussi l'un des premiers investisseurs de YellowKorner. Il a joué un rôle crucial en démystifiant le rôle de l'entrepreneur à une époque où cette carrière n'était pas aussi répandue qu'aujourd'hui.

J'ai également eu la chance de rencontrer mon associé, Alexandre, avec qui j'ai une excellente complémentarité. Tandis que je me concentre sur le développement commercial, Alexandre entretient des relations étroites avec le monde artistique. Nos entreprises sont systématiquement partagées à parts égales, sans jamais formaliser de pacte d'associés. Je dis souvent que s’associer, c’est comme un couple, on est obligés de s’entendre.

Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur souhaitant se lancer dans le monde de l'art, un secteur réputé difficile ?

Les appelés par le monde de l’art sont nombreux mais le secteur est assez encombré. Ce n’est pas simple d’y gagner de l’argent, à l’image de dicton célèbre : “Comment devenir millionnaire en faisant du cinéma ? En commençant milliardaire”. Les accès aux fonds d’investissements, aux Business Angels, sont difficiles. Et puis en France, c’est assez mal vu de gagner de l’argent avec la culture et l’art.

Cependant, vivre de sa passion offre des opportunités inestimables, comme la rencontre quotidienne avec des artistes extraordinaires. Je pense aussi que le monde de l’art manque de structure et est assez gourmand d’innovations : si vous arrivez avec une bonne idée et un business model solide, vous pouvez créer votre place. Mon conseil est d’y aller, de tenter, de faire ce qu’on aime et d’aimer ce qu’on fait. Mon père m’a toujours dit “Ne cherche pas à gagner de l’argent, cherche à faire quelque chose que tu aimes, par incidence tu verras que tu gagneras de l’argent.”

Quelles ambitions portez-vous pour Iris Galerie à l'horizon 2030 ?

Notre philosophie repose sur le slogan d’Iris Galerie, "Fragments of life". Nous nous attachons à immortaliser des moments précieux de la vie, que nos clients soient accompagnés de leur amoureux, de leur famille, de leurs amis, et nous cherchons à renforcer ces liens à travers nos services. L'expérience chez Iris Galerie vise à enrichir les relations interpersonnelles, en faisant de chaque visite un moment de partage et de découverte émotionnelle. Notre engagement se concentre sur le plaisir, le partage, l'universalité et l'émotion. Notre but est d'offrir cette expérience inédite à un public mondial et de nourrir les connexions humaines.

Dans les années à venir, nous envisageons de relever plusieurs défis inhérents à notre expansion mondiale, notamment en nous adaptant aux particularités locales comme en Asie ou en Turquie, où la place de l'œil est très différente. Actuellement, nous opérons 150 galeries, et notre objectif pour 2030 est d'atteindre les 1 500, multipliant ainsi par dix notre présence.

Nous explorons également des innovations, comme la création de parfums personnalisés en fonction de la couleur des yeux de nos clients, en collaboration avec des nez. Cette démarche s'appuie sur le fait que les yeux sont 10 000 fois plus uniques que les empreintes digitales, offrant ainsi un potentiel immense pour personnaliser et diversifier notre gamme de produits.

IRIS GALERIE

Activités photographiques

Sommaire

  • Comment devient-on entrepreneur dans le domaine de la photographie ?
  • Comment l’idée vous est venue ?
  • Comment fonctionne le processus de prise ?
  • Que révèle l'iris des gens ?
  • Quelle stratégie de croissance avez-vous mise en place pour développer Iris Galerie si rapidement ?
  • L'entrepreneuriat vous a-t-il toujours animé ?
  • Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur souhaitant se lancer dans le monde de l'art, un secteur réputé difficile ?
  • Quelles ambitions portez-vous pour Iris Galerie à l'horizon 2030 ?