Phocea DC, startup française lancée en mai 2023, a annoncé avoir levé 5 millions d’euros auprès de Reflexion Capital. Des fonds qui lui permettront de rénover un local désaffecté de Marseille pour en faire un datacenter écoresponsable.
Un datacenter français dans le 3e arrondissement marseillais
Fin 2023, la société américaine Digital Realty a annoncé la création prochaine d’un datacenter à Marseille, dans l’ex-silo de sucre du port. Quelques jours plus tard, c’est Phocea DC, entreprise dirigée par Damien Desanti, qui a fait part de son souhait de s’implanter dans la cité phocéenne. La startup vient de lever 5 millions d’euros auprès du fonds d’investissement Reflexion Capital pour installer son datacenter dans le 3e arrondissement de la ville. “Nous sommes partis du constat qu’il fallait une solution alternative aux offres étrangères pour répondre à des besoins plus locaux, régionaux auprès des administrations, des entreprises, des opérateurs, des hébergeurs”, a expliqué le dirigeant. Sans donner l’adresse précise du futur bâtiment, il a ajouté : “Nous sommes au plus près des câbles sous-marins et il s'agit d'une réhabilitation d'un foncier existant”.
Une construction à l’impact écologique réduit
Un datacenter, ou centre de données, est une infrastructure comportant un réseau d’ordinateurs et d’espaces de stockage. Hautement sécurisé, il est utilisé par les entreprises pour stocker et gérer de grandes quantités de données. Celui de Phocea DC devrait être opérationnel fin 2024. Il occupera une surface de 1 700 m² avec une puissance de 1,2 mégawatt. Il sera conçu pour répondre aux normes européennes qui prévoient que les centres de données soient neutres en carbone à l’horizon 2030. Il ira même plus loin dans la préservation de l’environnement en visant “une performance énergétique 70 % inférieures aux offres traditionnelles”.
Phocea DC souhaite s’appuyer sur des startups hexagonales, dont elle n’a pas encore dévoilé l’identité, pour réduire son impact écologique. Ces partenariats lui permettront d’intégrer différentes technologies au sein de son infrastructure : l’immersion cooling (qui consiste à utiliser un circuit d’eau à l’intérieur des machines pour réduire la chaleur émise par les composants), la valorisation de la chaleur fatale (soit l’énergie thermique résiduelle du bâtiment)… Grâce à cette ambition responsable, le projet a séduit la municipalité. Cette dernière avait pourtant appelé à un moratoire sur les datacenters, qu’elle estime “énergivores et prédateurs d'espace foncier précieux”.
Phocea DC souhaite attirer les clients locaux
Alors que les concurrents américains ciblent en priorité “les intérêts des GAFAM”, soit les géants du web, Phocea DC souhaite attirer des entreprises et des collectivités locales, qui pourraient être séduites par les arguments de sobriété énergétique et de souverainement numérique 100 % française. Elle espère compter sur une centaine de clients qui lui permettront, en vitesse de croisière, de réaliser un chiffre d’affaires de trois millions d’euros.
La construction de ce datacenter survient alors que Marseille est entrée dans le top 10 des pôles mondiaux d’Internet, en raison du déploiement de câbles sous-marins de télécommunication par fibre optique. Le bâtiment de Phocea DC, qui devrait être finalisé après celui de Digital Realty, serait le sixième centre de données implanté dans la ville.