La marque Zèta Shoes propose des sneakers 100 % recyclées, recyclables et véganes, fabriquées en grande partie à base de marc de raisin. Fondée en 2020 par Laure Babin, elle dispose d’un premier magasin dans le centre-ville de Bordeaux depuis septembre 2023.
La mode, une industrie polluante
L'industrie de la mode est particulièrement polluante. Selon l’Ademe (l’Agence de la transition écologique), elle émet l’équivalent de 4 milliards de tonnes de CO2 par an, soit davantage que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Le textile est le 3e secteur consommateur d’eau au niveau mondial, après les cultures du blé et du riz. De plus, 20 % de la pollution des eaux dans le monde serait imputable au traitement et à la teinture des tissus, et 4 millions de tonnes de textiles sont jetées chaque année en Europe.
Face à ce constat, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à modifier leurs habitudes d’achat. Les marques se tournent aussi de plus en plus souvent vers des matériaux plus respectueux de l’environnement, comme le caoutchouc naturel, le coton biologique et le cuir tanné végétal. Cependant, ces matériaux impliquent là encore la production de nouvelles ressources. Laure Babin, fondatrice de la marque Zèta Shoes, a choisi d’entamer une démarche encore plus écologique : créer des chaussures uniquement à base de matériaux en fin de vie.
Des baskets entièrement fabriquées en matières recyclées
En septembre 2020, à 23 ans seulement, cette étudiante en école de commerce a lancé une campagne de financement participatif sur le site Ulule. Son objectif : recueillir des fonds pour concevoir des baskets zéro déchet, où tout a été pensé pour limiter le gaspillage au maximum. L’extérieur de ses baskets est fabriqué en faux-cuir vegan, conçu à partir de déchets de la production vinicole et de matières recyclées. La semelle intérieure est faite de bouchons en liège recyclés, la semelle à partir de chutes de caoutchouc, et les lacets sont fabriqués à partir de bouteilles en plastique repêchées en Méditerranée. Enfin, la colle ne contient aucune gélatine animale et se compose de latex recyclé. Mais ce n'est pas tout : les sneakers de la marque se passent de superflu, notamment d'œillets en métal et d’étiquettes. Elles sont vendues dans des boîtes en carton recyclées et recyclables, et contiennent un flyer ensemencé, que le consommateur peut planter pour faire pousser des fleurs ou des herbes aromatiques.
Une première boutique Zèta Shoes ouverte à Bordeaux
La campagne de financement participatif de Laure Babin a rapidement trouvé sa cible. Tandis que la fondatrice souhaitait prévendre 100 paires de basket, ce sont près de 2 700 paires qui ont été commandées par les internautes. Cette opération a permis de financer trois années d’exploitation sans actionnaire, en toute indépendance. En septembre 2023, le jour de son troisième anniversaire, l’entreprise a ouvert sa première boutique dans le centre-ville de Bordeaux. “On est désormais neuf dans l’équipe, et on a atteint les 40 000 paires de baskets vendues. Pour 2023, notre chiffre d’affaires est d’un million d’euros. En cumulé, on est à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis le lancement”, s’est réjouie la fondatrice auprès des Échos Judiciaires Girondins.
Des sneakers à planter pour faire pousser des fleurs
Pour les années à venir, la société a plusieurs axes de développement. Après avoir collaboré avec Nespresso en 2022 pour revaloriser leur marc de café, elle envisage un deuxième partenariat avec la marque, pour créer de nouveaux produits comme des portefeuilles et des porte-cartes. Elle développe également des casquettes, des chaussettes et autres accessoires recyclés, qui devraient être proposés en 2024. Mais son plus gros projet, prévu pour 2025, consiste à commercialiser des “baskets à planter”. Lorsque le client aura assez porté sa paire de sneakers biodégradable, il pourra la planter pour qu’elle se décompose. De petites graines, cachées dans les semelles, feront naître des fleurs ou des plantes. À l’heure actuelle, les baskets commercialisées peuvent être retournées à l’entreprise lorsqu'elles arrivent en fin de vie. "Si quelqu'un n'en veut plus, il peut nous les renvoyer et elles seront livrées à une usine de tri. En échange, le client percevra un bon d'achat !”, avait expliqué Laure Babin à France Bleu en mai 2021.
La marque vise le marché de l’Amérique du Nord
Aujourd’hui, Zèta Shoes réalise 80 % de ses ventes sur Internet et 20 % en BtoB, grâce à des partenariats avec des boutiques. Ce système lui permet de pouvoir envisager conquérir des marchés à l’international, en particulier en Amérique du Nord. “Je reviens justement du Canada, où j’ai trouvé un entrepôt. Cela va nous permettre d’expédier les chaussures par voilier, de les stocker puis de les distribuer aux États-Unis et au Canada. (…) Je suis en contact avec Simons, qui est une grosse chaîne de boutiques au Canada, pour nous faire connaître. Je souhaite justement recruter quelqu’un pour gérer toutes les opérations sur l’Amérique du Nord dès septembre 2024”, a confié la dirigeante aux Échos Judiciaires Girondins. Elle envisage également d’ouvrir une deuxième boutique en France, à Paris, dans les trois prochaines années.
Les sneakers Zèta Shoes sont proposées à partir de 135 euros, soit un peu plus cher que les baskets de marques comme Nike et Adidas. Un “prix juste”, selon l’entreprise, qui a choisi d’en parler en toute transparence sur son site internet. “Nous réalisons une marge de coefficient entre 2 et 3 qui nous permet de rester indépendant financièrement, tout en assurant notre croissance : développement de nouvelles matières innovantes, recrutement et évènements. À titre de comparaison, la majorité des marques de sneakers réalise une marge de coefficient 10”, peut-on lire.
