Vinci Autoroutes, le concessionnaire français de réseaux autoroutiers, s'apprête à expérimenter deux technologies de recharge pour véhicules électriques sur l'autoroute A10 près de Paris. Ces technologies innovantes permettent aux véhicules de se recharger en roulant. De nouvelles perspectives s’ouvrent pour l'industrie automobile.
Faciliter l’électrification rapide des poids lourds
L'objectif principal de ces tests est de faciliter l'électrification rapide des poids lourds, qui demeurent encore majoritairement dépendants du diesel malgré les avancées dans le domaine de la mobilité électrique.
D'une part, des bobines magnétiques intégrées sous le bitume utiliseront la technologie de recharge par induction, similaire à celle utilisée pour les téléphones portables. D'autre part, un rail conducteur encastré au ras du bitume permettra aux véhicules équipés de se connecter au sol et de se recharger tout en roulant.
Parcourir de plus longues distances sans s’arrêter pour recharger
Ces systèmes de "routes électriques" présentent de nombreux avantages pour les véhicules électriques. Ils permettent aux véhicules de parcourir de plus longues distances sans s'arrêter pour recharger, tout en évitant d'emporter des batteries excessivement lourdes et gourmandes en matériaux rares.
Louis du Pasquier, responsable du projet chez Vinci, explique que ces tests visent à résoudre les dernières questions en suspens avant un déploiement à grande échelle sur des centaines, voire des milliers de kilomètres d'autoroutes.
Premiers tests sur une piste fermée en septembre 2023
Les premiers essais seront réalisés en septembre 2023 à Rouen, sur une piste fermée appartenant au Cerema, un établissement public relevant du ministère de la Transition écologique.
La phase suivante consistera à installer ces systèmes de recharge dynamique sur une distance de quatre kilomètres de la voie de droite de l'autoroute A10, dans le sens Paris-Orléans, juste avant la barrière de péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines. Les chargeurs ne s'activeront qu'en présence de véhicules compatibles.
Des défis à relever sur trois ans
Quelques défis restent à surmonter. Les rapports soumis au ministère soulignent que la technologie d'induction n'est pas encore suffisamment puissante et reste coûteuse à mettre en place. Quant au rail conducteur, il peut s'encrasser et créer des problèmes pour les deux-roues.
Cette expérience s'étalera sur trois ans, avec un budget de 26 millions d'euros, bénéficiant du soutien du plan public France 2030 via la Banque publique d'investissement (BPI). La start-up Electreon, fournisseur du système par induction, est déjà active dans des projets en Israël, en Suède, aux États-Unis et en Italie, où Fiat teste la recharge pour sa petite 500. De même, le consortium Elonroad, fournisseur du rail conducteur, teste cette technologie depuis 2019 dans le sud de la Suède.
Hutchinson, filiale de TotalEnergies, se chargera de la fabrication des bobines nécessaires. L'université Gustave-Eiffel supervisera l'efficacité des différentes solutions.
Ces avancées dans la recharge dynamique pourraient représenter une avancée majeure dans la transition vers une mobilité plus durable et moins dépendante des énergies fossiles. Si les tests s'avèrent concluants, ces technologies pourraient transformer les autoroutes en véritables réseaux d'énergie pour les véhicules électriques. Cela ouvrira la voie à une ère de transport routier plus respectueux de l'environnement.
